Braudel, Fernand | Crivello, Maryline

Braudel, Fernand 187 a permis d’intégrer les démarches structuralistes sans perdre pour autant l’histo- ricité événementielle. « Tout se joue dans la dialectique du temps et de l’espace : l’articulation des deux dimensions est constitutive de la conception braudélienne de l’histoire. Il est à peine besoin de rappeler le découpage de son premier livre en trois parties qui correspondent chacune à un des plans étagés de l’histoire : temps court de l’individu et de l’événement, temps long des groupes et des grou- pements, des économies, des sociétés et des civilisations, temps presque immo- bile enfin, fait de cycle sans cesse recommencé, qui enregistre les rapports de l’homme avec le milieu. » (Lepetit, 1986, p. 1189.) Si Fernand Braudel invente assurément un découpage en trois parties de l’histoire de la Méditerranée au xvi e siècle, chacune en soi et sans lien de nécessité entre elles d’après ses propres termes, correspond à des essais d’explication, lorsque l’ensemble rend possible d’envisager une histoire totale de l’espace méditerranéen. Sa première grande partie qu’il intitule « La part du milieu » s’attache à la longue durée, à l’histoire qui se modifie à peine sur plusieurs siècles, structurée par le cadre géographique. Il cerne ensuite le temps social et le temps de la conjoncture économique par ses développements sur les « destins collectifs et [les] mouvements d’ensemble » pour aborder in fine le temps court, celui de l’individu, dans sa partie sur « Les événements, la politique et les hommes ». Ainsi, pour reprendre le style poétique qui était le sien et son recours aux métaphores maritimes : la marée symbolise le temps long, la houle celui de la conjoncture, et l’écume, le temps court. Fernand Braudel fait donc le choix d’une exposition thématique pour s’at- tarder de prime abord sur « une histoire quasi immobile, celle de l’homme dans ses rapports avec le milieu qui l’entoure ». Les montagnes, les plateaux, les col- lines, les plaines – celles de la Lombardie ou de l’Andalousie – appartiennent ainsi à cette « histoire hors du temps ». Puis se surajoutent l’observation des espaces maritimes, des « bordures continentales » et surtout des îles, étudiées comme des mondes à part, en tension entre leur propre passé et les nouveautés qui surgissent en Méditerranée. « Les confins ou la plus grande Méditerranée » constituent le troisième volet de cette partie initiale. Loin d’être limitée par son littoral, la Méditerranée est comprise dans ses relations avec le reste de l’Europe (Anvers, l’Allemagne, les Alpes, l’Italie, la France), avec l’océan Atlantique et singulièrement avec le Sahara, « second visage de la Méditerranée » où les cara- vanes naviguent à travers le désert. Le dernier chapitre est consacré à « l’unité physique : le climat et l’histoire » et aux nœuds de la Méditerranée (routes et villes). La deuxième grande partie de la thèse de F. Braudel a pour tâche l’étude d’« une histoire lentement rythmée […], une histoire sociale, celle des groupes et des groupements ». Ce sont les économies, les sociétés, les civilisations qui sont au cœur de l’analyse et Braudel prend pour échelle de référence tant le nombre des hommes que la durée des voyages de l’époque. Il cartographie les

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