Arsenal | Acerra, Martine; Buti, Gilbert

Arsenal 118 ronds (galion et vaisseau de ligne) qui diffèrent des galères, galiotes et galéasses initialement utilisées. Plus ventrus, plus hauts sur l’eau, portant une ou plusieurs batteries de canons et une haute mâture, ils exigent des infrastructures portuaires spécifiques aussi bien pour leur construction, qui ne peut s’effectuer à l’inté- rieur des traditionnelles cales couvertes, que pour leur entretien à haut risque s’il nécessite un halage ou tirage à terre. Ainsi, des ajouts apparaissent dans les arsenaux méditerranéens à l’orée de la Renaissance avec, entre autres, des chan- tiers à ciel ouvert, des bassins de radoub (destinés à la réparation et à l’entre- tien de la coque des navires), des machines à mâter. D’un lieu où l’on construit, l’arsenal est devenu « un endroit clos où est compris un port de mer apparte- nant au gouvernement, où il tient ses vaisseaux et tout ce qui est propre à les construire, à les conserver, à les armer, les désarmer, les radouber » ( Encyclopédie méthodique. Marine , 1783, p. 65). De ce fait, l’arsenal se distingue du chantier de construction, simple producteur de navires, et du port de relâche pouvant accueillir, ravitailler, voire réparer sommairement. Les trois principales fonctions de l’arsenal se déclinent matériellement en infrastructures spécifiques de chacune d’elles. Leur regroupement fait l’arsenal. À la fonction de construction sont nécessaires les cales couvertes ou non, les entrepôts de matières premières ou de pièces manufacturées sur place ou ailleurs. Ces cales demeurent d’excellents indicateurs de la fonction surtout lorsqu’elles existent en nombre comme il est encore possible de le constater avec les beaux ensembles d’Alanya en Turquie, de Barcelone en Espagne, de La Canée (Chia) en Crète ou de Venise en Italie, pour ne citer qu’eux. Par ailleurs, les travaux actuels menés dans le cadre de fouilles archéologiques terrestres et sous-marines restituent une partie des imposantes séries de cales couvertes qui faisaient la force d’Istanbul et dont l’iconographie ancienne atteste l’existence. La fonction d’armement suppose la présence d’autres types d’entrepôts pour préparer et stocker les vivres et les armes embarqués. Il est logique d’y associer les formes de logements adoptées pour les équipages en partance. Apparaissent ainsi les fonderies de canons, les poudrières, les magasins d’artillerie, les casernes. Dans certains cas, bagnes et prisons abritent la main-d’œuvre, contrainte et bon marché, utilisée pour les opérations de l’arsenal. Enfin, la fonction d’entretien, qui peut parfois dépasser l’ampleur des activités de construction, ponctue le périmètre de l’arsenal de zones de halage à terre, de bassins de radoub, d’outils de levage et de manutention, ces derniers pouvant être communs aux deux autres fonctions. La particularité de la Méditerranée appa- raît dans le cas de l’entretien avec son absence de marée significative qui prive longtemps ses arsenaux de bassins de radoub. Le premier à être creusé, maçonné et doté de vantaux de fermeture entre 1755 et 1758 est celui de Carthagène en Espagne. Toulon reçoit le sien avec les travaux menés par 300 forçats sous la

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