Alalia, bataille d’ | Sacchetti, Federica

Alalia, bataille d’ 44 Après cette refondation, révélée sans doute par la fondation de sanctuaires au moment de leur arrivée ( ἰρ ἐνιδρύσαντο ), d’après Hérodote, les Phocéens réfu- giés vécurent durant cinq ans avec leurs compatriotes qui s’étaient précédemment installés en Corse. Toutefois, ils s’adonnèrent aux saccages aux dépens de tous les peuples voisins. La guerre de course des réfugiés phocéens en mer Tyrrhénienne se heurta aux intérêts des deux autres peuples majeurs de navigateurs et mar- chands de la Méditerranée occidentale, les Étrusques et les Carthaginois ( Hist ., I, 166). Ceux-ci, pour défendre leurs intérêts, stipulèrent pour la première fois une alliance militaire temporaire, valable exclusivement en temps d’hostilité, dans le but d’arrêter la progression des Phocéens ( στρατεύονται ὦν ἐπ̓ αὐτοὺς κοινῷ λόγῳ χρησάμενοι Τυρσηνοὶ καὶ Καρχηδόνιοι ). Les alliés entrèrent en guerre contre les Phocéens, leur opposant 120 navires (60 portés de chaque côté). Les Phocéens, qui ne purent en armer que 60, leur firent face dans la mer Sardonienne et, mal- gré leur infériorité, remportèrent la victoire. D’après Hérodote ( Hist ., I, 166), il s’agit d’une victoire cadméenne ( Καδμεíη τις νíκη τοῖσι Фωκαιεῦσι ἐγένετο ). En effet, 40 de leurs navires furent perdus alors que les 20 autres, leurs éperons ayant été détruits, étaient désormais inutilisables. Cette définition de victoire cadméenne pourrait s’expliquer également par le fait que les Phocéens impliqués dans la bataille eurent deux sorts différents. Les occupants des navires aux éperons détruits, une fois qu’ils eurent récupéré les femmes, les enfants et leurs biens à Alalia, quittèrent la Corse et firent voile vers Réghion (actuelle Reggio de Calabre) et par la suite fondèrent une cité, Hyéle ( Ὑέλη )/Eléa ( Ἐλέα ), puis Velia, dans le territoire d’Œnotrie (Hérodote, Hist ., I, 167). La plupart de ceux qui se trouvaient sur les navires détruits, capturés par les Étrusques et les Carthaginois, furent en revanche lapidés hors de la cité étrusque d’Agylla (puis Caere, actuelle Cerveteri). Le malheur qui se serait ensuivi pour tous ceux qui passaient par le lieu de la lapidation aurait amené les Agylléens à demander l’expiation de leurs actions à la Pythie de Delphes. Et de cet événe- ment, le thesaurós des Agylléens à Delphes serait un témoignage archéologique. Il est fort probable – comme nous l’a appris Marcello Gigante – que le pas- sage d’Hérodote dérive d’une source phocéenne, notamment d’Hyéle. Ce serait pour cette raison que Massalia serait passé sous silence : il s’agirait en effet d’une source anti-massaliète, bien que phocéenne. En revanche, d’autres sources, et notamment les passages de Pausanias concernant la présence d’un thesaurós de Massalia à Delphes, dépendraient d’une source massaliète qui exalte la victoire sur les Carthaginois. Les différentes traditions, ainsi que la définition de bataille cadméenne, pour- raient donc s’expliquer par le fait que les intérêts et les composantes impliqués de chaque côté étaient multiples. Une partie des Phocéens d’Alalia fut captu- rée et lapidée par les Étrusques, et une partie dut abandonner la Corse, tandis

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