Alalia, bataille d’ | Sacchetti, Federica

Alalia, bataille d’ 45 que les Phocéens de Massalia auraient pu emporter une victoire décisive sur les Carthaginois et, comme nous le témoigne Pausanias (X, 8, 6‑7 et X, 18, 7), faire donc des offrandes de victoire à Delphes. Les conséquences et la portée historique Dans les travaux concernant la Méditerranée occidentale archaïque, ce combat naval est souvent vu comme marquant un tournant décisif, à la fois pour ce qui est du mode de fonctionnement du commerce emporique en Méditerranée occi- dentale, et pour ce qui est de la place et du rôle des Phocéens d’Occident (et de Massalia en particulier). En ce qui concerne le premier aspect, Alalia marque le passage dans le bas- sin occidental de la Méditerranée du commerce-piraterie de type héroïque de tradition homérique ( πρῆξις , préxis ), une forme d’échange de type individuel et aristocratique, au commerce emporique ( ἐμπορία , emporía ), collectif et organisé (A. Mele). Ou alors, pour utiliser une définition de M. Bats, le passage de l’ em- poría ouverte à l’ emporía réglementée. En effet, après 540 av. J.‑C., le commerce sur mer de type ouvert d’époque archaïque, où l’Étrurie jouait un rôle privilégié, se transforme en commerce fermé à l’intérieur de zones réservées, délimitées par chacun des partenaires et avec l’imposition d’une réglementation de la part de chaque ethnie : les Phocéens de Gênes à la péninsule Ibérique orientale ; les Étrusques de la plaine du Pô à la Campanie et à la Corse ; les Carthaginois de la Sardaigne au Nord de l’Afrique et au Sud de l’Espagne ; les Grecs de l’Italie du Sud à la Sicile (planche XII). La subordination du commerce sur mer au politique, déjà mise en place par les Étrusques et les Carthaginois, organisés en πόλεις , póleis (cités de fondation) et ἐμπόρια , emporía (ports de commerce) avec des statuts bien distincts les uns des autres, après Alalia est ainsi imposée aux Phocéens et s’affirmera par la suite dans l’histoire de la Méditerranée occidentale. Quant à la place des Phocéens en Occident, il est clair que la chute de Phocée met fin au réseau phocéen en Méditerranée occidentale. Si l’on suit Hérodote, c’était Alalia (et donc, après son revers, Vélia) qui aurait dû devenir la nouvelle métropole des Phocéens. Pourtant c’est Massalia qui, de fait, en prend le relais, devenant le centre du système colonial et commercial phocéen en Occident. À partir de la seconde moitié du vi e siècle av. J.‑C., « le succès de Marseille est la conséquence directe de la chute de Phocée et de l’échec tragique de sa sœur corse Alalia » (Bats, 1994, p. 147). Il est possible de mesurer l’hégémonie économique de Massalia dans le bassin nord-occidental de la Méditerranée à la suite d’Alalia. La documentation archéologique des années qui suivent Alalia nous atteste, en

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=