Alalia, bataille d’ | Sacchetti, Federica

Alalia, bataille d’ 43 large consensus, quoique les opposants n’aient pas manqué. Par la suite Annarita Agus (2000) a réuni l’ensemble des sources qui ont été reliées à Alalia ainsi que celles concernant la relation discutée entre la colonie phocéenne de Massalia (Marseille), passée sous silence dans le texte d’Hérodote, et la bataille. Michel Bats (1994 ; 1998 ; 2012) a enrichi le dossier relatif aux événements qui ont précédé et suivi la bataille et a justement éclairci le rôle de Massalia. Les antécédents et les faits En 546 av. J.‑C., Cyrus II (Cyrus le Grand), roi des Perses, entreprend la conquête du royaume de Lydie, gouverné par le roi Crésus, qui contrôlait presque toute l’Anatolie. Après la prise de Sardes, la capitale de Lydie, la ville de Phocée est la première des villes d’Ionie à être assiégée par le général perse Harpage. La plupart de ses habitants préfèrent s’exiler plutôt que de se soumettre. Selon Hérodote ( Hist ., I, 163‑167), qui reste la source principale de cet événement historique, ils essaient d’abord d’acquérir les îles appelées Oinoússai auprès des habitants de l’île de Chios. À la suite de leur refus, ils se rendent en Occident et s’installent en Corse (Kýrnos), où vingt ans plus tôt, en 565 av. J.‑C., d’autres Phocéens avaient fondé la cité d’Alalia. La version d’Antiochos de Syracuse, qui nous est transmise par Strabon (VI, 1, 1), évoque également la colonie phocéenne de Massalia, dont la fon- dation remonte vers 600 av. J.‑C. Après la prise de Phocée, les Phocéens, gui- dés par Kréontiadès, se seraient dirigés vers la Corse et également vers Massalia, donc vers leurs deux comptoirs occidentaux. Strabon (IV, 1, 4), de son côté, ajoute un témoignage qui semblerait dif- ficile à concilier avec celui d’Antiochos de Syracuse. Les fugitifs phocéens auraient été guidés par la future prêtresse Aristarché dans leur émigration vers Massalia. Certains chercheurs, comme M. Gras, ont supposé que deux groupes distincts auraient quitté Phocée après sa prise par les Perses : un groupe, guidé par Kréontiadès, qui après la défaite d’Alalia aurait échoué à Vélia ; l’autre, conduit par Aristarché, qui sous la protection de la déesse Artémis d’Éphèse aurait été accueilli à Massalia. Même si le rôle de Massalia dans la bataille d’Alalia reste problématique à définir (Bats, 1994), les sources concordent sur un point. À la suite de l’éloi- gnement des Phocéens d’Ionie pour faire face à l’expansionnisme de l’Empire perse de Cyrus II, l’ empórion colonial d’Alalia, et non Massalia, fut choisi pour être refondé et en faire ainsi la nouvelle métropole des Phocéens en Occident, à partir de laquelle ils auraient pu s’épanouir à nouveau.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=