Abraham

Abraham 32 de la prière juive du matin qui avait pour but de remplacer le culte sacrificiel pratiqué dans le temple de Jérusalem après la destruction de celui-ci par les Romains (70 apr. J.‑C.). Le récit dans la Bible du commandement de Dieu à Abraham, lui demandant d’offrir son fils en sacrifice (« Isaac lié au bûcher », Genèse, XXII), sacrifice finalement empêché grâce à l’intervention d’un ange substituant un bélier à sa place, sera par la suite considéré comme la préfigura- tion de la souffrance de l’exil d’Israël. D’après les rabbins, la bénédiction donnée par Dieu à Abraham était destinée au peuple juif à travers le fils et le petit-fils du patriarche (Isaac et Jacob), à l’exception des descendants d’Édom (les chré- tiens) et d’Ismaël, dont la revendication du droit du premier né et de la terre est contestée (Genèse Rabba, LXI, 7, iv e -v e s.). En islam, Abraham (Ibrahim) est décrit comme un prophète qui est à l’ori- gine du monothéisme. Mais selon la tradition islamique postcoranique, c’est Ismaël – le fils aîné que lui donna Agar – qui fut conduit au sacrifice (Coran, XXXVII, 101‑102), ce que commémore la fête annuelle de l’Aïd al-Kébir. Pour les musulmans, cet épisode fondateur eut lieu à La Mecque et non pas au som- met du mont Moria (mont du Temple) à Jérusalem. Toujours selon la tradition islamique, Ibrahim aurait consolidé la Ka‘aba (Coran, II, 125-127), épicentre de l’islam auprès duquel subsiste l’empreinte de son pied, toujours révérée par les pèlerins (hajj) . Selon la tradition biblique, Abraham se serait installé avec les siens à la chê- naie de Mambré, près de l’actuelle ville d’Hébron en Cisjordanie. C’est là qu’il reçut les trois étrangers ultérieurement considérés comme des anges qui lui promirent une descendance (Genèse, XIII, 18 et XVIII, 1 ; citons également trois références islamiques : Coran, XI, 69‑76, XV, 51‑60 et LI, 24‑36). Puis, Abraham aurait acheté à proximité un terrain pour y inhumer Sarah (Genèse, XXIII, 17‑20). Isaac et Ismaël s’y réunirent ensuite pour enterrer leur père. Le nom du lieu, Makpelah, signifie « multiple » en hébreu, en raison de la présence des couples des Patriarches : Abraham et Sarah, Isaac et Rébecca, Jacob et Léa, tandis que certains y situent également la sépulture d’Adam et Ève. Le nom arabe d’Hébron, al-Khalil, provient de l’appellation coranique d’Abraham : al-Khalil (l’ami de Dieu, sourate IV, 125). Le sanctuaire, qui fut transformé en mosquée, porte le nom de Haram al-Ibrahimi (enceinte sacrée d’Abraham, en arabe). Ce lieu saint fut l’objet d’appropriations successives et exclusives au cours de l’histoire : par les Byzantins (vi e s.), les Omeyyades (vii e s.), les croisés (xii e s.), les Ayyoubides (xii e s.), les Mamelouks (xiii e s.), jusqu’aux Ottomans (xvi e s.). Sous la domination de ces derniers, par exemple, le sanc- tuaire était interdit aux chrétiens et aux juifs. Ils ne pouvaient monter qu’à la septième marche d’un escalier extérieur pour entrevoir, par un orifice, la salle obscure du tombeau présumé des Patriarches, dont l’accès demeure inaccessible

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