Mawerdi : Les statuts gouvernementaux ou règles de droit public et administratif

158 MAWERDI peuvent être désignés comme héritiers présomptifs ou vizirs de délégation ou émirs de province. Mais s~il ne s'agit que de mettre à exécution ce que les kâQis sont impuissants à exécuter et de sanctionner ce pour quoi leur autorité (1) est insuffisante, celui qui est choisi peut être moins élevé en pouvoir et en dignité, dès que son amour de la vérité lui fait mépriser tout blâme (2) et que l'avidité ne le pousse point à réaliser des gains illicites. Le Prophète lui-même remplit cet office à propos du droit d'irrigation que se disputaient Zobeyr ben el-'Awwâm et un des Ançâr (3). S'étant en personne transporté sur place, il dit que Zobeyr abreuverai t sa terre le premier et que l' Ançarien passerait ensuite, ce qui fit dire à celui-ci: ( 0 Apôtre d'AIlâh, il est le fils de ta tante maternelle! » Cette remarque irrita le Prophète, qui s'écria: {( Zobeyr, fais-le aller sur le ventre jus– qu'à ce que l'eau lui vienne aux chevilles! ») S'il donna cet ordre, ce fut uniquement pour châtier son observation auda– cieuse; mais on discute et résoud différemment la question de savoir si l'ordre de lui faire monter l'eau jusqu'aux chevilles constitue un droit qu'il a exposé aux deux adversaires sous forme de jugement, ou seulement un acte permis mais qui a été ordonné à titre répressif. Aucun des quatre premiers khalifes ne fut appelé à réprimer– les abus de pouvoir, car, à l'aurore du régime nouveau et tout pénétrés de religion, [130J ils vivaient au milieu d'hommes qui se dirigeaient à renvi vers la vérité ou qu'un simple avis détournait d'actes injustes; les discussions ne portaient que sur des choses douteuses que les décisions de kâçlis suffisaient (1) Lisez ~.Jb~, avec B et B'. (2) Cette expression est tirée du Koran, v, 59. (3) Il s'agit de I:Iâtib ben Aboû Belta'a, à en croire les commentateurs du Koran, qui rappor~ent le fait en question avec des variantes; c'est à ce propos que, d'après certains, furent révélés les v. 68 et 69 de la S. IV (B~yç1.âwi, l, 217; Zamakhchari, l, 214). On trouve encore une autre version dans Yahya ibn Adam, Impôt "foncier, p. 74; voir également Belâdhori, p. 12 du texte et 57 du glossaire; Aboû Yoûsof, Kharâdj, p. 58, 1. 18; Bokhâri, tr. fr., 11 1 104-106. Seul notre auteur envisage ce hadith comme se rapportant à un oas d'abus. e-Médiathèque | Droit musulman | MG_006

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