Waterfront | Cattedra, Raffaele

Waterfront 1563 leurs agendas politiques comme réponse stratégique à la globalisation, puis à la crise économique actuelle. Il s’agit d’une image légendaire et porteuse de rêves, fondée à la fois sur l’ancrage de la tradition et les atouts de la modernité, sur l’ouverture au monde, et sur le dynamisme, la vitalité, l’accueil, le cosmopoli- tisme, c’est-à-dire les marques d’un monde (urbain) se référant à une idée un peu imaginaire et mythique de l’art de vivre qui serait propre à la « méditerra- néité ». Tout cela rend explicites, avec bien des ambiguïtés, les contradictions de fond des modèles à l’œuvre, pris entre un caractère standardisé et d’homo- généisation des interventions dans l’interface entre le bord de l’eau et la ville, et un registre axé, plus ou moins rhétoriquement, sur l’identité locale et la valo- risation renouvelée de l’héritage, ce qui ne va pas sans cacher que le réaména- gement du waterfront a la finalité d’attirer des flux de visiteurs, de touristes et surtout d’investisseurs. Dans ces processus de requalification des waterfronts, il est possible, d’après Chaline (1994), de distinguer deux approches : une approche « à l’américaine » à dominante culturelle et commerciale (comme à La Nouvelle-Orléans, Miami, Savannah, Montréal), et une approche plus européenne à dominante culturelle, esthétique et artistique, s’appuyant sur l’existence d’un patrimoine historique de grande richesse. À celles-ci, on pourrait ajouter une troisième approche plus récente, qui se réfère au modèle du Golfe, et en particulier à Dubaï, plus specta- culaire, axée sur le gigantisme et la financiarisation du portage des projets et qui se diffuse notamment dans le Sud de la Méditerranée et le Maghreb. Signalons, par ailleurs, que nombre de villes méditerranéennes, qui ont lancé le réaménagement de leur waterfront et/ou de leur interface urbano-portuaire, sont inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco : c’est le cas de Barcelone, Séville, Naples, Gênes, Split, Dubrovnik, Athènes, Istanbul, Tel-Aviv, Haïfa, Tunis, Sousse, Alger (et l’on pourrait ajouter Lisbonne et Rabat, même si elles ne sont pas méditerranéennes à proprement parler). Mais cela ne signifie pas que le projet de reconversion ait nécessairement une visée patrimoniale. En fin de compte, par des effets directs ou indirects, et tout en considérant le poids variable de la transformation lourde liée au transport maritime et à l’industrie, art, culture et loisirs constituent un premier triptyque des processus de réaména- gement, qui se couple à un autre, plus classique, fondé sur le commerce, le ter- tiaire, la résidence et le tourisme. En ce sens, dans les mutations que connaissent nombre de ports méditerranéens – saisis en tant que « portes d’entrée » depuis la mer vers les villes –, l’activité de croisière représente un phénomène marquant et en progression. La Méditerranée s’est affirmée comme le deuxième bassin de croisière mondial après les Caraïbes, avec 50 compagnies de navigation et plus de 170 navires qui sillonnent la mer pour un total de plus de 2 500 croisières en 2010. Barcelone a dépassé deux millions de passagers par an, avec un peu

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