Transe | Zillinger, Martin

Transe 1467 Transe La transe est un phénomène décrit dans l’ensemble du bassin méditerranéen, de tout temps et dans tous les contextes religieux. Des manifestations de transe seraient peintes à l’âge de la pierre dans des grottes du Sud de la France et du Nord de l’Espagne. Elles ont également été attribuées à des pratiques de divina- tion en Babylonie (tablettes d’argile provenant de Mari, – 2 e millénaire av. J.‑C.) et associées à des documents du début de la civilisation phénicienne (tablette de Ras Shamra, I er millénaire av. J.‑C.). Une ample documentation existe sur les incantations, la divination et l’usage d’amulettes et de plaques pour se pro- téger des attaques des dieux et des esprits dans les anciennes religions méditer- ranéennes (Johnston, 2004). Un texte notamment, Les Bacchantes d’Euripide, donne une description détaillée de la fascination et des controverses publiques que la transe pouvait susciter dans la Grèce antique. Les rencontres avec le divin sont au cœur des trois religions monothéistes. Toutefois, et bien que le christia- nisme notamment s’enracine fortement dans d’anciens cultes à mystères (Burkert, 1987), leur organisation sociale et leurs aspirations théologiques ont donné lieu à une attitude ambiguë envers les pratiques extatiques et les états de transe. Les expériences mystiques et les rencontres avec le divin (Rouget, 1980) ont stimulé une longue tradition de réflexion théologique quant à leur nature et leur signi- fication. Elles ont également soulevé des objections de la part de mouvements de réforme religieuse, et donné lieu à des tentatives musclées pour contrôler la manière dont ces expériences s’articulent avec la pratique religieuse. Le traitement de la transe et des états qui lui sont assimilables par Platon – lequel attribue aux états extatiques (theia mania) une forme spéciale de connaissance et d’inspiration artistique – et par Aristote – qui souligne l’impor- tance de l’affect et non de la connaissance dans les rituels extatiques – a exercé une profonde influence sur les études des savants biblistes, des spécialistes du folklore et des anthropologues. Mais le sujet a été observé, décrit et analysé dans le cadre de la tradition euro-méditerranéenne, ce qui donne lieu à un problème communément appelé « cercle herméneutique » : comment pouvons-nous décrire

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