Temps | Chiffoleau, Sylvia

Temps 1435 trouvait ainsi au fondement de la mesure du temps. La prédication coranique s’inscrit dans cette tradition et, depuis l’avènement de l’islam, seul le calendrier lunaire est en principe admis. À ce comput dominant s’ajoutent néanmoins les calendriers des autres communautés religieuses et ethniques de la région, notamment le calendrier julien qui continue à gérer la vie des chrétiens, d’Orient comme d’Occident, le calendrier hébraïque luni-solaire des juifs, ou encore les calendriers kurde, arménien et persan. Le calendrier lunaire musulman, plus court que l’année tropique (durée qui sépare deux équinoxes de printemps), n’entretient rapidement plus aucun lien avec les saisons et se révèle donc inapte à gérer la vie agricole. Aussi, conjointe- ment avec le calendrier religieux qui fixe les dates mobiles du jeûne et des fêtes canoniques, l’islam a-t‑il conservé un calendrier agricole basé sur le calendrier julien solaire. Ces calendriers populaires, qui conservent des traces chrétiennes – certaines fêtes chrétiennes, par exemple, y sont mentionnées –, sont enrichis par ailleurs du travail des astronomes arabes sur les anwâ’ . Ce système météoro- logique, hérité des Bédouins d’Arabie, reposait sur l’observation du lever et du coucher héliaques de certaines étoiles, permettant de prévoir les phénomènes atmosphériques. Dès le Moyen Âge, des almanachs étaient composés chaque année, dans lesquels étaient consignés, jour après jour, le lever et le coucher des étoiles, ainsi qu’une foule de notations, de renseignements et de prescriptions concernant l’agriculture, la santé, les fêtes, etc. Jusqu’au xx e siècle, et de façon résiduelle encore aujourd’hui, toute la vie agraire au sud de la Méditerranée est régie par des calendriers établis sur la base du calendrier julien, ou du calendrier copte en Égypte, lequel repose, à quelques variantes près, sur la même structure. L’administration, et tout particulièrement la fiscalité, qui ont besoin de régularité, ne peuvent elles non plus se baser uniquement sur le rythme lunaire mouvant du calendrier musulman. Dès le Moyen Âge, l’administration califale a établi un rythme annuel solaire, compté à partir de l’ère hégirienne, pour le paiement des taxes financières. À l’époque ottomane, si les documents adminis- tratifs sont dûment datés sur la base de l’ère hégirienne, ce qui témoigne d’une maîtrise acquise de la chronologie, la levée de l’impôt obéit à un calendrier parti­ culier, dit mâlî , là encore emprunté au calendrier julien, mais compté à partir de l’ère musulmane de l’hégire. À partir de 1840, qui ouvre la période des réformes (Tanzimât) de l’Empire, la référence au calendrier mâlî devient systématique dans le domaine administratif. Si le calendrier julien est largement répandu sur les deux rives de la Méditerranée, il n’est cependant pas sans défaut. L’année julienne étant légè- rement supérieure à l’année tropique, il en résulte un décalage par rapport au temps vrai qui atteint dix jours au xvi e siècle, ce qui a pour conséquence de faire dériver la date mobile de Pâques. Pour y remédier, le concile de Trente confie

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