Stéréotypes | Driessen, Henk

Stéréotypes 1403 Stéréotypes Les stéréotypes sont couramment définis comme étant des conceptions très géné- ralisées et simplifiées, et donc partielles, de la réalité, souvent liées à des popu- lations et à leurs caractéristiques. Ils sont souvent déformants, ont un caractère péremptoire et négatif, mais peuvent parfois être flatteurs. Ils agissent comme des symboles et tracent des frontières entre « nous » et « les Autres » avec une évidence illusoire. Les pays catégorisés comme pays occidentaux, par exemple, sont censés prôner de grandes idées telles que la démocratie, la « bonne gouver- nance », l’individualisme, le respect des principes éthiques, ainsi que la créati- vité technologique et scientifique. Des attributions aussi généralisées finissent par jouer le rôle d’autostéréotypes. À la suite du travail de Walter Lippmann, qui a défini le concept moderne de stéréotype dans son ouvrage Public Opinion en 1922, il a été avancé que les stéréotypes sont essentiels pour appréhender une réalité dont la complexité sans cela nous dépasserait. Ceci est vrai pour les bureaucrates, les journalistes et les politiciens comme pour les gens ordinaires. On voit là une forte ressemblance de famille entre stéréotype et ethnocentrisme. Tout au long de l’histoire de l’Europe, les peuples vivant au bord de la Méditerranée ont toujours été considérés par ceux d’Europe occidentale comme « les Autres ». Un riche répertoire de stéréotypes concernant les habitants du Sud a été développé par ceux du Nord (et vice versa) en s’appuyant souvent sur un axe climatique opposant le chaud et le froid. En effet, les traits attribués aux peuples méditerranéens par les voyageurs venant du Nord se sont trouvés, pour la plupart, enracinés dans un déterminisme géographique et climatique. Edward Said soutenait dans son livre marquant L’Orientalisme (1978) qu’il existe une dimension symbolique dans la soumission politique, économique et militaire de l’Orient par l’Occident. Cet ordre symbolique est reflété et reproduit dans les études universitaires sur l’Orient. En s’inspirant de Said, on a soutenu que cette répartition Nord-Sud suivait en grande partie l’anatomie de l’être humain : le Sud se voit attribuer les caractéristiques émotionnelles, viscérales, génitales et spon- tanées, et le Nord, les qualités cognitives, cérébrales, dirigeantes et encadrantes.

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