Sel | Hocquet, Jean-Claude

Sel 1375 Sel Située aux latitudes subtropicales, la Méditerranée – entendue comme l’ensemble des mers intérieures au carrefour des trois continents de l’Ancien Monde – béné- ficie d’un climat tempéré chaud dans lequel saison sèche et saison chaude coïn- cident. Cela favorise une forte évaporation, et permet à la mer de disposer d’un taux de salure élevé de ses eaux. Sur ses rivages méridionaux, la cristallisation du sel y est spontanée, sans intervention de l’homme et de ses installations. Les lacs salés en arrière du rivage (sebkhas) sont fréquents sur les marges du désert libyen, mais aussi en Anatolie, sur les côtes de la mer Noire et en Crimée, à Chypre (Larnaca), en Italie (Tarente), en Espagne (La Mata-Torrevieja). Au xvi e siècle, les Vénitiens ont même mis en valeur une sebkha sur la côte dalmate à Šibenik. Ces salines naturelles sont alimentées en eau de mer par capillarité à travers les dunes de sable, ou par des chenaux souterrains, ou encore par des cours d’eau qui ont lessivé au passage les sols salins continentaux (mer Morte). Le sel y cris- tallise en plaques d’épaisseur variable qu’il suffisait de découper et de charger sur des barques pour l’exporter. Des cavités naturelles creusées dans le rocher par l’érosion et emplies d’eau de mer par de faibles marées ou par des vents violents livraient aussi du sel. Pline groupait ces productions naturelles sous le vocable « sel natif ». On repère encore des salines rudimentaires ou archaïques dans la péninsule de Mani qui prolonge le mont Taygète dans le Péloponnèse, dans l’île de Gozo (Malte) ou sur la côte libanaise. Cependant, les côtes de la Méditerranée, souvent rocheuses et élevées – la mer Intérieure est bordée de massifs montagneux ou de plateaux aux bords escarpés –, se prêtent mal à l’installation de salines artifi- cielles pour lesquelles sont requis des espaces plats et imperméables. La mer reçoit quantité de grands fleuves (Èbre, Rhône, Tibre, Pô, Danube, Dniepr et Dniestr, Nil), de cours d’eau de moindre ampleur ou de brefs torrents qui dévalent des montagnes du pourtour. Chacune de ces rivières, en arrivant à la mer, dépose sa charge alluviale de limons fins qui construisent une plaine alluviale occupée par des lagunes et le delta du fleuve. Aucun des fleuves cités n’échappe à ce caractère, d’autant que la faiblesse des marées ne peut remanier profondément les rivages

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