Risques naturels | Morhange, Christophe

Risques naturels 1347 et en 1982‑1984, illustre le problème posé par l’évacuation préalable des popu- lations menacées et la difficulté du dialogue entre scientifiques et gestionnaires. Les risques climatiques sont multiples. Ils relèvent aussi de phénomènes de forte intensité et de fréquence variable. Leurs impacts sont importants à toutes les échelles temporelles, d’autant qu’ils affectent un milieu fragilisé par une anthro- pisation intense et ancienne. À l’échelle événementielle, une crue comme celle de l’Arno à Florence, à l’origine d’une dégradation grave du patrimoine cultu- rel en 1966, continue à marquer les esprits. Par contraste, sur la longue durée, la composition actuelle du couvert forestier méditerranéen provient des consé- quences des feux d’origine anthropique et naturelle (air sec estival associé à un vent violent comme le mistral…). On estime chaque année que 50 000 feux détruisent environ 600 000 hectares de forêts et de broussailles en Méditerranée. Si, à l’échelle du bassin méditerranéen, le risque de crues torrentielles ne vient qu’au deuxième rang derrière le risque sismique en ce qui concerne le nombre de victimes, il occupe le premier rang sur le plan des fréquences liées aux rythmes pluviométriques avec des maxima de printemps et d’automne. L’occurrence de ce type de risques est aussi importante du fait des reliefs accentués. Le risque hydro-géomorphologique est double, réunissant celui des pluies diluviennes et celui du débordement des cours d’eau en crues brutales. Depuis 1990, on note plusieurs crues particulièrement meurtrières, en Italie (env. 300 morts, coulées de boue de Sarno en 1998) et en Algérie (env. 700 morts en 2001 à Alger). Les crues éclair, comme celle de l’Ouvèze à Vaison-la-Romaine en 1992, peuvent modifier considérablement la morphologie fluviale, désorganiser le peuplement des fonds de vallée, tout en traumatisant une population, avec près de 50 morts. Sur les causes des dommages, on a souvent incriminé des coefficients de ruisselle- ment très élevés en milieu urbain, le rôle de la déforestation, du développement de la viticulture et une négligence de gestion des forêts rivulaires à l’origine d’em- bâcles et de débâcles meurtrières. Au niveau de la mer, tous les deltas, milieux amphibies par définition, sont soumis à des risques de submersion importants comme la Camargue en décembre 2003, d’autant plus que les lits mineurs sont en inversion de relief par rapport à la plaine d’inondation. De nos jours, la pré- vision rapprochée des crues repose sur un avertissement précoce des populations à partir de modèles de prévisions météorologiques. Mais elle est d’autant plus difficile que la crue torrentielle est soudaine. Par opposition, le risque de sécheresse survient lorsque les masses d’air saha- riennes prennent durablement le dessus sur la circulation atmosphérique atlan- tique d’ouest. Les conséquences sont redoutables parce que la sécheresse, s’ajoutant à une aridité estivale déjà marquée, réduit les ressources agricoles surtout pour les rives sud et est de la Méditerranée (comme à Chypre par exemple ou au Levant) et parfois même sur la rive nord, particulièrement en 1947 et en 2003 en France.

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