Reclus, Élisée | Cattedra, Raffaele

Reclus, Élisée 1337 Reclus, Élisée (1830‑1905) Le « géographe-anarchiste » Élisée Reclus contribue à étayer une vision consti- tutive et novatrice de la Méditerranée, qui voit le jour au dernier quart du xix e siècle. La « mer du Milieu », comme lui-même la définit, apparaît dès les premières pages de son ouvrage le plus connu, la Nouvelle Géographie univer- selle ( ngu ) , publié en 19 volumes entre 1875 et 1894. Reclus y consacre un chapitre d’une vingtaine de pages (chap. III, « La Méditerranée », in ngu , I, 1875, p. 33‑52). Si la Méditerranée revient diffusément dans plusieurs autres volumes (II, La France , 1877 ; IX, L’Asie antérieure , 1884 ; X et XI, L’Afrique septentrionale , 1885 et 1886), des références sont déjà présentes en 1864, dans le Guide Johanne Les Villes d’hiver de la Méditerranée et des Alpes maritimes , ainsi que dans son premier ouvrage, La Terre. Description des phénomènes de la vie du globe (2 vol., 1868‑1870) ; ensuite, elle se retrouve dans plusieurs chapitres de L’Homme et la Terre (1905‑1908, 2 t.), publié à titre posthume. Divers auteurs ont désormais reconnu l’originalité de Reclus dans la construc- tion de la Méditerranée en tant qu’objet géographique et scientifique. Dans cette perspective, Anne Ruel (1991) avance l’idée que, chez lui, la Méditerranée devient à la fois « sujet de civilisation » et espace géographique qui se métamor- phose en « valeur », tandis que Thierry Fabre (2000, p. 44) considère l’apport de Reclus comme un « acte généalogique fondateur » situant la Méditerranée à l’origine de la civilisation européenne. Cependant, diverses décennies durant, l’œuvre de Reclus fut oubliée des scientifiques et, surtout, écartée des biblio­ graphies des géographes. La raison de cet ostracisme – si l’on suit Yves Lacoste (1981) et Béatrice Giblin (1981) – est due à l’idéologie politique libertaire du géo- graphe (exilé volontairement de 1851 à 1857, puis communard, emprisonné et banni de France en 1872) et s’explique aussi par son exclusion de l’Académie. Reclus est ainsi absent de la Géographie universelle rédigée par les disciples de Vidal de La Blache (Lucien Gallois, éd., 15 vol., Colin, 1925‑1948), bien que, comme le remarque encore Lacoste (1981, p. 37), s’y « retrouvent souvent des cartes qui ressemblent fort à celles de la Nouvelle Géographie universelle de

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