« Race » méditerranéenne | Degioanni, Anna; Goude, Gwenaëlle

« Race » méditerranéenne 1333 et hégémoniques. La discussion sur l’appartenance ethnique et l’indice cépha- lique finit par affecter non seulement les hommes vivants mais aussi, par exemple, le monde hellénique ancien ; Angelo Mosso (1907) affirma, par exemple, que « l’anthropologie nous montre que les Grecs de l’Antiquité [...] appartenaient à la race méditerranéenne ». La « race méditerranéenne » ou « type méditerranéen » a été, selon certains auteurs, une « grande » « race ». Sergi, en 1895, a également mis en avant les mérites de la « race méditerranéenne », non seulement parce qu’elle a créé la civilisation mycénienne, mais aussi parce qu’elle est à l’origine du peuplement de la majeure partie du continent. Pour d’autres, elle a été seu- lement une « bonne race ». Selon Much en 1904, la « race méditerranéenne » a contribué, en son temps, à l’avancée culturelle du continent, introduisant chez les Aryens du Nord (cependant les plus avancés) le millet et le lin, le blé et l’orge, et également de nombreux outils en métal. Mais à quoi correspondent cette « race » ou ce « type » ? Y a-t‑il une seule « race méditerranéenne » ou plu- sieurs ? La réponse dépend des auteurs, des caractères pris en considération, de leur poids et de leurs interprétations. Pierre Deniker (1852‑1918) proposa un système de classification des « races européennes actuelles » fondé sur les caractères morphologiques et la pigmenta- tion. Selon l’auteur, trois « races » différentes peuvent être isolées dans la région méditerranéenne. La première, la « race » brune, dolichocéphale, de petite taille, appelée ibéro-insulaire, est répandue dans la péninsule Ibérique et dans les îles de la Méditerranée occidentale. Ce groupe correspond au « rameau médi­ terranéen » de Sergi ou Homo meridionalis de certains auteurs (Ripley, Vacher de Lapouge). La deuxième, la « race » brune, mésocéphale, de grande taille, « race » littorale ou atlanto-méditerranéenne, est ainsi nommée parce qu’elle est répan- due sur le pourtour de la Méditerranée, depuis Gibraltar jusqu’à l’embouchure du Tibre, et sur plusieurs points du littoral atlantique. On ne la rencontre nulle part à plus de 200 ou 250 km de la mer. Elle correspond assez bien à la « race » méditerranéenne de Houzé (1883) et à la « race » de Cro-Magnon de certains auteurs. Enfin, la « race » brune, brachycéphale, de grande taille, est appelée adriatique ou dinarique parce que ses représentants se rencontrent en Albanie ou dans les régions de l’ex-Yougoslavie. À cette « race » principale, on peut rat- tacher une « race » secondaire, un peu moins grande et moins brachycéphale, mais ayant les cheveux et les yeux plus clairs. Cette « race », appelée subadria- tique, issue du mélange de la « race » principale avec les grands mésocéphales blonds (subnordique), correspond en partie à la « race » Lorraine de Collignon. En 1923, Günther apporta des modifications à cette classification. Il distin- gua la « race » méditerranéenne – de petite stature, dolichocéphale, au visage étroit, avec menton moins accusé, nez étroit avec racine élevée, cheveux souples, lisses ou bouclés, bruns ou noirs, yeux marron, enfoncés, teint brunâtre – de la

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