Portulan | Vagnon, Emmanuelle

Portulan 1289 L’origine de ces textes est mal connue. La filiation probable avec les periploi antiques et les descriptions des côtes dans les traités de géographie arabe n’est pas fermement documentée. Au Moyen Âge, ces textes sont liés à une pratique de la navigation de cabotage en mer Méditerranée et le long des côtes atlantiques de l’Europe. Les manuscrits médiévaux conservant des portulans sont souvent des copies soignées. Il s’agit de la mise par écrit d’un savoir maritime transmis en grande partie oralement. Outre la description des ports, ces manuels de navi- gation pouvaient contenir aussi des tables de calcul de la dérive du navire (mar- teloggio) , des schémas de comput, des calendriers et divers textes relatifs à la navigation (par exemple le Livre de Michel de Rhodes , xv e siècle). À partir du xvi e siècle, les portulans textuels, appelés aussi « routiers » ou « pilotes », appartiennent au corpus de publications techniques dédiées au savoir maritime, parfois illustrées de cartes, diffusées grâce à l’imprimerie. Par exemple Le Grand Routier et pilotage et enseignement , de Pierre Garcie-Ferrande, composé vers 1483, publié en 1502 et réédité de nombreuses fois en plusieurs langues au xvi e siècle, ou encore l’ Hydrographie contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation de Georges Fournier (Paris, 1643). C’est au xix e siècle seulement que les historiens ont pris l’habitude de dési- gner sous le nom de « portulan » ou de « carte portulan » les cartes nautiques anciennes, par analogie avec les portulans textuels. Dessinées le plus souvent sur parchemin, elles constituent un genre cartographique dont les conventions restent relativement stables entre le xiii e et le xviii e siècle. La documentation écrite mentionne l’apparition des cartes marines dès le xii e siècle en Italie (Gautier Dalché, 1995). Réalisées à partir des indications de la boussole, dont l’usage est attesté également en Méditerranée au xii e siècle, elles se généralisent à bord des bateaux à la fin du xiii e et au xiv e siècle à Gênes, Venise et Majorque. La plus ancienne carte parvenue jusqu’à nous, surnommée la Carte pisane , date au plus tôt de la fin du xiii e siècle (Paris, bnf , cpl , Ge B 1118 [ res ]), mais des études récentes lui donnent une date plus tardive (Pujades, 2007). Les premières cartes datées et signées (par Pietro Vesconte et Angelino Dulcert) sont du début du xiv e siècle. D’abord centrées sur l’espace méditerranéen et la mer Noire, elles s’ouvrent ensuite au grand large et témoignent des explorations mari- times de l’Atlantique, de l’océan Indien et, en dernier lieu, de l’océan Pacifique. Elles sont alors perfectionnées par la figuration d’une ou de plusieurs échelles de latitude, et illustrent, à partir du xvi e siècle, les manuels de pilotage et les livres d’instructions nautiques. Néanmoins, même au temps de l’expansion océanique, la tradition des cartes marines de la Méditerranée se poursuit dans des centres de production tels que Marseille, Gênes ou Messine (Astengo, 2007). Il s’agit de cartes régionales de bassins maritimes, privilégiant le contour des côtes et la toponymie du littoral écrite perpendiculairement aux côtes. Elles sont

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