Plantes médicinales | Bellakhdar, Jamal

Plantes médicinales 1258 Connaissance de la nature, subsistance et expérience des soins De tout temps, l’homme a puisé dans la nature les éléments nécessaires à sa sub- sistance, quel que soit par ailleurs le degré d’évolution de la société à laquelle il appartient. Dès les origines, la connaissance du milieu environnant lui est donc apparue primordiale car, sans celle-ci, il était hors de question qu’il pût assurer sa survie dans un monde où tout devait se gagner. Entouré de milliers d’espèces végétales et animales, l’homme n’a d’abord cher- ché à connaître celles-ci que par rapport à lui : comestibles, remèdes, indicateurs d’autres ressources moins en vue, produits toxiques ou dangereux, etc. Toute la gamme des productions naturelles n’était alors appréhendée que du point de vue d’une utilité, d’une destination. Ainsi, il apparaît bien que l’expérience des soins médicaux, tout comme la connaissance des plantes et le savoir nutrition- nel constituaient à la base une science de nécessité. La médecine et l’hygiène ne furent donc, à leur naissance, qu’un stade évolué de la subsistance. Car, au départ, la connaissance des remèdes et des toxiques n’a pu être que fortuite et empirique, conséquente à un ensemble de coïncidences heureuses, d’observations pertinentes, d’expériences répétées, funestes ou favorables, les- quelles amenèrent peu à peu l’homme à relier dans son esprit une cause – un remède – à un effet – la guérison d’un mal, l’apaisement d’une douleur. Du coup, la reconnaissance de cette relation de causalité par un esprit humain jetait les premières bases d’une science embryonnaire des soins, une médecine bien entendu fondamentalement inspirée par les ressources du monde végétal. Ainsi prit corps, peu à peu, un savoir phytothérapeutique entièrement oral à l’origine. Les remèdes végétaux furent d’abord récoltés dans la nature. Puis, lorsque l’agriculture vit le jour, certaines plantes furent cultivées et acclimatées. Avec le développement des relations commerciales, on échangea aussi beaucoup avec d’autres peuples les produits du terroir et les expériences médicales. Or la région méditerranéenne se trouva très tôt en contact avec des contrées lointaines : dès la grande époque hellène, des relations s’étaient nouées avec l’Europe du Nord, le monde slave, les pays de la mer Noire, l’Arabie, la Perse, l’Inde, l’Abyssinie. L’histoire ancienne du trafic de la myrrhe des côtes de la mer Rouge, de l’aloès du Yémen, de l’encens d’Arabie, du nard indien, du camphre de Chine, de la corne de narval des Danois (la fameuse licorne !), de l’ambre jaune de la Baltique, des épices de l’Asie, et de bien d’autres drogues, témoigne de la rapidité avec laquelle, dès l’Antiquité, les sociétés méditerranéennes incorporèrent à leurs pharmacopées et à leurs modes de vie des substances et des savoirs acquis auprès d’autres peuples.

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