Plage | Anthony, Edward

Plage 1249 le large et contribue à atténuer l’énergie des vagues. Ce sable regagne générale- ment la plage, et est ensuite réintégré dans la dune, quand des vagues de beau temps reviennent. Lorsqu’il n’y a pas de dunes, les plages basses, à l’image de celles du Languedoc-Roussillon, peuvent subir le débordement des vagues, qui peuvent ainsi transporter le sable vers les lagunes en arrière. Ces pertes de sable doivent donc être compensées par des apports de sable frais en provenance des cours d’eau et transporté le long de la côte par le courant de dérive littorale. Il découle de ce jeu entre les départs et les arrivées de sédiments une notion très importante qui est celle du « bilan sédimentaire ». Il s’agit, comme en économie, du budget dont dispose une plage pour fonctionner. De façon simplifiée, le stock de sédiments doit être suffisant pour dissiper l’énergie des vagues. Ce bilan sédimentaire peut être déséquilibré par un surplus d’apports de sable ou par un déficit du stock de la plage (et des dunes si elles existent). Un surplus d’apports est généralement lié soit à l’accumulation de sédiments provenant de l’érosion du littoral situé en amont par rapport à la dérive lit- torale – ces sédiments vont s’accumuler sur la plage en aval, qui s’engraisse –, soit à la présence proche d’une embouchure fluviale qui fournit des sédiments. En Méditerranée, beaucoup de plages alimentées par des deltas se sont ainsi engraissées à l’époque romaine à la suite d’une déforestation importante et d’une extension de la culture des terrains, ce qui a eu comme effet d’accélé- rer l’érosion des sols et des glissements de terrain, libérant ainsi des sédiments emportés vers les plages. Aujourd’hui, beaucoup de plages subissent une éro- sion liée essentiellement à la construction de barrages qui bloquent le transit des sédiments fluviaux. C’est le cas du Rhône, mais l’exemple méditerranéen le plus emblématique en ce sens est le Nil, à la suite de la construction du bar- rage d’Assouan. Le rôle de rempart contre la mer que joue la plage est donc mis à mal par un déficit de sédiments. Sur le plan écologique, la plage est un environnement hostile et instable aussi bien pour les plantes que pour les animaux. Pourtant, elle constitue parfois le seul biotope pour de nombreuses espèces adaptées aux embruns, à la mobilité du sable et aux débordements sur des plages basses. Certaines espèces de crabes et d’insectes s’y sont bien adaptées et composent, à leur tour, une nourriture, notamment pour des oiseaux. La plage sert aussi de site de niche pour certaines espèces d’oiseaux, comme des sternes, ainsi que pour des tortues marines. En Méditerranée, les plages sont cernées au large par des colonies d’herbiers, notam- ment de posidonies, dont le feuillage joue un rôle reconnu dans l’amortissement de l’énergie des vagues. En dehors de la Méditerranée, des échouages d’algues comestibles sont fréquents, notamment en Bretagne. Enfin, le rôle important d’aquifère que joue une plage mérite d’être souligné, dans le cas aussi bien des plages sableuses que de celles constituées de galets.

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