Pitt-Rivers, Julian | Handman, Marie-Élisabeth

Pitt-Rivers, Julian 1238 Pitt-Rivers, Julian (1919‑2001) Julian Alfred Lane Fox Pitt-Rivers est né à Londres le 16 mars 1919 dans une famille d’aristocrates qui comptait déjà deux anthropologues. Son arrière-grand-­ père, Augustus, avait fondé le musée d’Archéologie et d’Anthropologie qui porte son nom à Oxford. Son père, George, avait travaillé en Australie et en avait retiré des convictions racistes qui devaient le conduire à adopter les théories eugé- nistes des nazis, et à entretenir d’étroites relations « scientifiques » et politiques avec le parti nazi comme avec l’extrême droite anglaise. Raison pour laquelle, et bien qu’il fût son cousin par alliance, Churchill le fit interner de 1940 à 1942. Julian ne devait jamais s’entendre avec lui. Pitt-Rivers fit ses études à Eton, puis à Grenoble, en langue et littérature fran- çaises, et à Paris à l’École libre des sciences politiques ; après quoi il alla s’ins- crire à Oxford, bien décidé à ne jamais devenir anthropologue, quand la guerre éclata. Il fut mobilisé au sein de la VIII e armée et se battit en Égypte, en Libye, en Tunisie, en Italie, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark, et finit la guerre avec le rang de capitaine. En 1945, on lui proposa le poste de précepteur du roi Fayçal II d’Irak, alors âgé de 11 ans. C’est grâce à cette expérience qu’il prit conscience « de la difficulté de se faire comprendre, indépendamment de la question de la langue, à travers la barrière qui séparait les deux cultures. C’était la découverte de la problématique de base de l’anthro- pologie sociale » (lettre à Jean Guiart, non datée, Archives Pitt-Rivers). C’était aussi sa découverte de la Méditerranée, comme il l’écrira plus tard dans son article « La conférence de Burg Wartenstein » (Albera, Blok et Bromberger, 2001). Cette expérience le conduisit à retourner à Oxford, mais cette fois-ci pour s’ins- crire en anthropologie sous la houlette de Meyer Fortes, puis de Franz Steiner. Tout comme son ami John Peristiany, il décida, en dépit des réticences de ses professeurs, de faire du terrain en Europe. Il choisit l’Andalousie qu’il imaginait être encore très marquée par la culture arabe et y resta de 1949 à 1952, avec quelques allers et retours à Oxford. Sa thèse, la première en anthropologie bri- tannique à porter sur l’Europe, analyse les structures sociales du village de

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