Photographie | Mégnin, Michel

Photographie 1228 Photographie La Méditerranée n’est pas un sujet d’étude classique pour l’histoire de la photo­ graphie. La question fut pourtant posée lors d’une journée des Rencontres photographiques d’Arles : « Ni Grand Tour, ni Orientalisme. Photographies et Méditerranée : un regard métis ? » (2000.) Au carrefour des grands ensembles, chrétien, juif et musulman, ce regard métis coule de source mais les rares thèmes étudiés sur la Méditerranée dans son ensemble ne sont encore que « ruines » : paysage commun et temps révolu (Getty Museum, 2005). Le questionnement sur l’activité des photographes en Méditerranée est d’ail- leurs assez récent. Dans le grand ouvrage iconographique préfacé en 1977 par Fernand Braudel, une seule photographie ancienne est donnée à son auteur, un groupe de gitans par Eugène Atget. En 1978, le studio Bonfils est pourtant redécouvert (Gavin), la création du fonds photographique du musée d’Orsay fonde un marché et annonce les nombreuses publications et expositions des années 1990 sur le Grand Tour et l’orientalisme. La première synthèse orientale vient d’Israël (Perez, 1988), suivie par des études sur les pays du Maghreb et des réponses venues du Moyen-Orient sous l’impulsion d’Elias Sanbar (2000 ; 2004 ; Debbas et Sanbar, 2001), sans oublier les études turques sur les photographes de l’Empire ottoman. Plus récemment, plusieurs expositions ont permis à l’Italie de réinvestir l’espace photographique méditerranéen et c’est avec le fonds Alinari que fut proposé en 2004 un premier essai d’exposition sur « La Méditerranée des photographes » (Favrod), repris en partie en Algérie l’année suivante. Malgré le postulat de l’anonymat du photographe posé par une nostalgie suralimentée par le corpus de cartes postales et par la critique postcoloniale de l’orientalisme (Alloula, 1981), la redécouverte des pionniers a été complé- tée par des avancées monographiques sur les studios commerçants et l’impact des représentations collectives. Il reste en effet difficile d’opposer catégorique- ment approches monographiques et analyse critique des codes de représenta- tion imposés par l’Occident. Aujourd’hui on redécouvre aussi bien les petits studios qui ont diffusé ces codes que les photographes autochtones (Marubi

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