Pharmacopée | Buzzi, Serena

Pharmacopée 1226 Le besoin d’un enseignement théorique public commence à se faire sentir avec nécessité. En France, la ville pionnière en matière d’enseignement public de l’art pharmaceutique est Montpellier, où la faculté de médecine, dès la fin du xvi e siècle, a l’idée d’instaurer des cours pour les garçons apothicaires. Au xvii e siècle, s’établit le règne des saignées, des purges et des lavements, mais aussi, dans la pharmacopée, celui des plantes : angélique, bigaradier, mélilot, rue, sauge, verveine, busserole, pour ne citer que quelques exemples, sont utilisés sous les formes établies au cours des siècles précédents, en tisanes, alcoolats, électuaires, œnolés (c’est-à-dire médicaments où le vin sert d’excipient) et autres potions. Nicolas Lémery (1645‑1715), apothicaire et docteur en médecine, publie en 1697 une Pharmacopée universelle , où l’on trouve aussi, comme dans l’Antiquité, cer- tains remèdes comportant des ingrédients d’origine animale comme le poumon de renard, le foie et l’intestin de loup, les crapauds, les vers de terre, les cloportes, les vipères, le sang de bouc, la corne de cerf, les hirondelles ou encore les mor- ceaux de crâne humain – autant de substances qui seront encore utilisées durant environ deux siècles. Lémery publia aussi en 1698 le Traité universel des drogues simples qui, dans les bibliothèques des apothicaires du xviii e siècle, tiendra la place de l’ Antidotario de Salerne. À cette époque, l’histoire de la botanique évo- lue considérablement avec l’arrivée d’hommes comme le médecin suédois Carl von Linné (1707‑1778) qui, en 1735, avec une nomenclature binominale dis- tinguant genre et espèce, classe les plantes d’après la distribution des sexes dans les fleurs et d’après les caractéristiques des organes mâles, c’est-à-dire des éta- mines. Dans le même temps, la biologie prend son essor avec Jean-Baptiste de Lamarck (1744‑1829) qui, dès 1800, est l’inventeur de ce terme nouveau, et avec Matthias Jakob Schleiden (1804‑1881), qui énonce sa théorie cellulaire : la rencontre des biologistes et des chimistes fait du xix e siècle un grand siècle scientifique, marquant le véritable point de départ de la thérapeutique scienti- fique. À la pharmacopée galénique s’oppose alors la pharmacopée chimique, qui consiste à connaître, par l’analyse, la nature et les propriétés des médicaments simples, ainsi que leurs effets réciproques au sein des mélanges. La pharmaco- logie expérimentale dissocie l’étude d’une préparation particulière de ses effets thérapeutiques et s’intéresse en premier lieu à la composition chimique de la substance médicamenteuse, ainsi qu’à l’investigation expérimentale de ses actions sur l’organisme, notamment à travers les méthodes d’expérimentation animale. Les progrès de la chimie d’extraction, puis de la chimie de synthèse, permettent d’obtenir les principes actifs à l’état pur et de tester leurs effets physiologiques par les méthodes modernes de la pharmacodynamie. L’irruption des médicaments de synthèse n’a cependant pas effacé les remèdes basés sur les plantes. À côté de la médecine « moderne », fondée sur une approche scientifique, une pharmacopée « traditionnelle » a continué a faire appel aux

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