Peinture | Pouillon, François

Peinture 1181 Peinture De quand dater les débuts d’une peinture autour de la Méditerranée ? Les témoi- gnages d’un art pariétal remontant au Néolithique attestent ici une maîtrise de la figuration, dès avant l’apparition de sociétés urbaines développant un certain degré de spécialisation technique. Bien qu’il soit aventureux de lui attribuer une finalité purement esthétique, et sans que l’on puisse d’ailleurs trouver une quelconque filiation entre les chefs-d’œuvre qui ornent les parois des grottes Chauvet ou Cosquer et les fresques du Tassili, en passant par les travaux « clas- siques » d’Altamira ou de Lascaux, on dispose désormais d’un corpus considé- rable montrant l’existence extrêmement ancienne autour de la Méditerranée d’un art accompli dans ce registre. L’émergence de ce que l’on pourrait appeler une peinture méditerranéenne va devoir attendre la mise en place de formations politiques qui organisent une cir- culation véritable d’un bout à l’autre de la mer Intérieure. De fait, une véritable communauté artistique n’a pu se mettre en place qu’avec l’implantation de struc- tures unificatrices et une circulation pacifiée des techniques. Cela découle natu- rellement des processus de globalisation qu’ont mis en place sur cette région des structures impériales : lors de la Pax romana d’une part, de la paix coloniale de l’autre. Ces moments de l’histoire, qui furent associés à des processus de domi- nation politique plutôt écrasants, furent culturellement assez féconds. Il y eut sans doute en dehors de cela des foyers artistiques vigoureux, mais ceux-ci res- tèrent enclavés ou, au mieux, opposés entre eux par des débats doctrinaux ou des modèles contradictoires, superstructures en quelque sorte d’une vie politique fondamentalement segmentaire. L’ère de l’Empire gréco-romain, pour reprendre l’expression de Paul Veyne (2005), a indiscutablement constitué un moment de transfert de modèles et des pra- tiques picturales sur l’ensemble de l’espace méditerranéen. Même s’il ne nous en reste que quelques reliques dispersées, celles-ci suffisent à nous faire entre- voir la splendeur que cet art a pu atteindre. Miraculeusement conservée, en rai- son d’une technique très particulière de peinture à la cire qui sauvegardait les

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