Navire | Buti, Gilbert

Navire 1088 brièvement : La Ciotat, Prâ, Lavagna, Marciana, Chiavari, Savone, Corfou, Alassio, Zante, Malte… On rencontre ces chebecs en Méditerranée dans les flottes des régences d’Afrique du Nord, dans celles des Espagnols ou Portugais, aussi bien qu’en Adriatique dans les marines italiennes, impériales (domaines autrichiens du Saint-Empire germanique) et grecques, et en mer Noire parmi les bâtiments russes ; on en trouve plus rarement en Europe du Nord, en Baltique, employés par les Danois qui ont fréquenté la Méditerranée et sur les marges atlantiques aux mains des Marocains. Son étrange présence dans la mer des Caraïbes chez des marins français résulte de la modification de chebec de guerre en brigan- tin avec maintien du nom du type originel. Principalement employé par les marines barbaresques et espagnoles à comp- ter de la fin du xvi e siècle, le chebec prend son essor au siècle suivant en étant essentiellement affecté aux opérations militaires, y compris aux actions de course. Au milieu du xviii e siècle, l’Armada Real, qui compte 47 chebecs dont certaines unités dépassent les 600 tonneaux, dispose d’un spécialiste redouté de ce type de bâtiment en la personne d’Antonio Barceló, dit le Capitan Toni (1717‑1797), qui multiplie les combats et les prises contre les corsaires d’Afrique du Nord. Les chebecs de guerre disparaissent d’Espagne au début du xix e siècle, mais des unités de petite taille restent en activité comme garde-côtes. L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, qui assure à partir de Malte la police des mers en Méditerranée depuis le xvi e siècle, en utilise plusieurs exemplaires, mais en nombre limité car jusqu’à l’extrême fin du xviii e siècle l’Ordre donne encore sa préférence aux coûteuses galères pour mener ses missions. Dans les États barbaresques, les raïs abandonnent pour les expéditions cor- saires la galère et le brigantin au profit du chebec, qui est plus rapide et qui offre une meilleure puissance de feu car pouvant porter des canons en batterie, à bâbord et à tribord. Ainsi, un chebec d’une quarantaine de mètres de long et de 100 à 200 tonneaux de jauge peut porter une vingtaine de canons ser- vis par 280 hommes d’équipage ; un tel équipement fait de lui une redoutable unité de combat qui peut attaquer à l’abordage les navires jusqu’au xviii e siècle en Méditerranée. En France, la marine d’État ne s’équipe en chebecs que tar- divement, soit après l’abandon des galères (1748) : 9 chebecs sont lancés entre 1750 et 1759, et 4 en 1762. C’est d’ailleurs sur des chebecs que Suffren, l’un des plus fameux marins français, exerce ses premiers commandements : sur le Caméléon , en 1764, et sur le Singe l’année suivante. Ces 2 chebecs participent, en 1766, à la difficile expédition contre la cité corsaire de Larache (Maroc). Bien que n’étant pas en mesure d’inquiéter un vaisseau de ligne ou une frégate, le chebec traverse néanmoins toutes les guerres du xviii e siècle, de la Révolution et de l’Empire. L’importance qu’il occupe dans la guerre de course durant la

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