Musulmans | Frégosi, Franck

Musulmans 1056 par l’une des versions du christianisme (catholicisme, Réforme protestante, ortho­ doxie) et dans des États marqués par des degrés avancés de sécularisation. Bien que certains d’entre eux continuent de reconnaître à une Église chrétienne en par- ticulier (Europe du Nord surtout) ou à plusieurs cultes historiquement enracinés (une partie de l’Europe continentale et méridionale) un statut avantageux (finan- cement public du culte et du personnel cultuel, prise en charge de l’enseignement religieux dans les écoles publiques, reconnaissance des effets civils du mariage reli- gieux…), il n’en demeure pas moins que la sécularisation a laissé une empreinte durable sur ces sociétés, sur leurs institutions comme dans la vie quotidienne de la population pour laquelle la religion est devenue optionnelle. Les musulmans évoluent donc dans des sociétés qui sont non seulement non musulmanes mais de surcroît profondément marquées par des liens distendus avec l’univers religieux. De plus, les quelques États européens dotés d’une population en majorité musulmane (sociologiquement et historiquement) sont des États résolument laïques dans lesquels pas plus les dépenses du culte que celles de l’instruction reli- gieuse ne sont à la charge du budget public. C’est le cas notamment de l’Albanie, du Kosovo et de la République turque de Chypre du Nord. En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, l’État est aussi laïque mais des fonds publics sont alloués aux différentes communautés religieuses reconnues (Église catholique, Église orthodoxe serbe et Communauté islamique de Bosnie-Herzégovine) ; les cours de religion sont, par contre, optionnels dans les écoles publiques. Si l’islam au sud de la Méditerranée est un islam d’État, au nord, son statut institutionnel reste encore incertain, tiraillé entre des politiques publiques où prédominent une logique sécuritaire, les velléités d’ingérence des États musul- mans et les aspirations à la construction d’islams indépendants. En dépit de ces différences, tant au nord qu’au sud de la Méditerranée, l’islam en tant que fait religieux et fait politique alimente de nombreux débats, et foca- lise toutes les attentions qui, parfois, génèrent un climat délétère aux forts relents islamophobes, particulièrement sur la rive nord (Orcel, 2011). L’islam et les musulmans de la rive nord de la Méditerranée Dans l’absolu, les musulmans du Nord du bassin méditerranéen vivent au sein de sociétés dans lesquelles la présence de l’islam renvoie à une dimension his- torique synchronique. Tel est le cas des sociétés de l’Europe occidentale, en particulier où l’histoire récente de l’islam tend à se confondre massivement avec celle des migrations. Il

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