Musique arabo-andalouse | Saidani, Maya

Musique arabo-andalouse 1052 seront variables car les influences sur cette musique sont multiples. De nom- breux poèmes énumèrent à travers leurs vers l’ensemble des tubû‘ interprétés. Ce répertoire de la nûbâ , dans les formes diverses que nous lui connaissons aujourd’hui, ne fut pas l’apanage d’al-Andalus puisque la création de ladite forme est antérieure à son apparition au sud de l’Espagne. Lorsque cette suite fut élabo- rée, elle eut de nombreuses variantes connues des contrées lointaines qui avaient embrassé l’islam et fut nommée : waçla , fâsil , mugâm , çawt … Lorsqu’en Andalus la nûbâ connut sa première forme, élaborée par Ziryâb, elle entraîna dans son sillage nombre de compositions auxquelles le Maghreb avait également contribué en raison des relations qu’entretenait le pouvoir musulman en place avec les divers centres maghrébins de pouvoir dont celui des Almohades, des Almoravides, des Zianides, des Hammadides, des Hafsides… La nûbâ , forme où la transmission orale prévaut, n’a cessé d’évoluer et se sta- bilise enfin dans le Maghreb où elle anime, depuis lors, toutes les passions. Ainsi, sur sa terre d’accueil, elle nous offre une palette des plus colorées et a même ins- piré les poètes et les musiciens locaux dans la création de nouveaux genres tels que le hawzi à Tlemcen. Cependant, depuis son inscription dans la culture du Maghreb, la nûbâ n’a connu aucune évolution quant à sa structure ; aujourd’hui encore orale, elle commence à connaître ses limites, et les raisons en sont multiples. Les maîtres de ce répertoire l’ont, à toute époque, protégée de la déperdition et ont veillé jalousement à sa transmission. Ainsi, autrefois, le musicien, devenu référence dans sa communauté, était nommé selon les régions shaykh , m‘alam … Le titre durement acquis et la reconnaissance de ses pairs péniblement méritée, il n’avait pas achevé sa mise à l’épreuve pour autant. C’était à la fois le garant de la tradi- tion et son gardien dévoué, la source intarissable et le maître incontesté. Pour acquérir ne serait-ce qu’une bribe de son savoir, la dévotion du jeune apprenti était le maître mot. De ce fait, la transmission des musiques de l’oralité s’opère dans le temps. C’est ainsi que le jeune apprenti en relation avec le savoir musi- cal, après de longs mois, voire des années d’écoute, abordera progressivement le chant et/ou le jeu d’instruments. Ses capacités et sa volonté seront détermi- nantes quant à la place qu’il occupera dans l’orchestre et dans la communauté. La jeune génération a des attentes claires quant à la musique en général et au répertoire de la nûbâ pour ce qui nous concerne. Des mutations s’opèrent depuis de nombreuses années sans que nous puissions porter un jugement de valeur dans nos écrits. Son enseignement fondé sur le mimétisme ne suffit plus à convaincre les jeunes apprentis musiciens, et le lexique propre au corpus du muwashshah ou à celui du zadjal , auquel l’interprète tout comme le mélomane, aujourd’hui, a du mal à s’identifier, nous amène à nous poser la question suivante : peut-on chanter un texte dont on ignore le sens ? Un sens qui se rattache le plus souvent

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