Mosaïque | Blanc-Bijon, Véronique

Mosaïque 1004 qu’il entretient avec le pouvoir, l’histoire de l’art mais aussi l’histoire sociale. À côté des corpus régionaux, se sont multipliées ces dernières décennies les interprétations globales d’ensembles cohérents témoignant de véritables pro- grammes iconographiques. D’étymologie incertaine, « mosaïque » dérive du grec μούσα et apparaît tardi- vement dans la littérature latine ( Scriptores Historiae Augustae , Pesc. Nigr ., VI, 8, où le portrait de l’ imperator Piscennius Niger est dit « pictum de musivo » ). La forme museum se lit chez Trebellius Pollion ( Trig. Tyr ., XXV, 4) ; Augustin introduit le terme musivum ( De civ. Dei , XVI, 8, 1), mais le mot ne semble jamais d’usage générique. Les éléments constitutifs sont dénommés en grec ψήϕοι , ἀβάκια ou ἀβακίσκοι  ; en latin tesserae , tesserullae , tessellae . Pour désigner le métier de mosaïste, on trouve musivarius , museiarius , musearius et tessellarius , tesserarius , tessellator (en grec ψηϕοθέτης ou κυβεύτης ) ou encore pavimentarius . Ce vocabulaire évoque des activités distinctes : les premiers termes s’appliquent au décor de voûtes ou de parois, les seconds au décor pavimental. Deux verbes sont couramment employés : ποιεῖν en grec, facere en latin, plus rarement tes- sellare , pavimentare . Le pavement en mosaïque est dit δάπεδον … ἐν ἀβακίσκοις συγκείμενον ἐκ παντοίων λίθων (Athen., Dipnos ., V, 207 c) ; pavimentum tesseris structum (Vitruve, De arch ., VII, 1, 4). Vitruve ( De arch ., VII, 1, 3‑4) apporte des données sur la technique de mise en œuvre des mosaïques, souvent vérifiées lors de déposes de pavements. Le terrain est d’abord mis à niveau, puis sont disposées trois couches distinctes de support : le statumen , hérisson de pierres posées de chant ; le rudus , mortier grossier chargé en cailloux, qui sera damé ; le nucleus , un mortier plus fin. Ces mortiers peuvent contenir de la terre cuite plus ou moins finement broyée : un rôle hydraulique est souvent attribué au tuileau, mais celui-ci permet aussi d’augmenter la résis- tance mécanique et la rapidité de la prise des mortiers. Les tesselles sont ensuite disposées sur une fine couche de mortier de chaux ou de poudre de marbre, puis le pavement est poncé (Caton, Agr ., 18, 7 ; Vitruve, De arch ., VII, 1, 4). Une stèle d’Ostie montre deux hommes taillant des tesselles sur un tranchet à l’aide d’une marteline, alors que deux autres hommes imberbes (= plus jeunes) emportent de lourds sacs emplis de tesselles taillées, sous le contrôle d’un dernier personnage en toge, le propriétaire de l’officine. Cependant des découvertes de déchets montrent que les tesselles sont taillées sur le site, avant l’élaboration du support (Alès, Avenches, Marseille, Nabeul…). Les éléments sont laissés naturels (galets) ou taillés en cubes assez réguliers, plus rarement aux formes des éléments souhaités (Alexandrie, mosaïque de Shatby). Dans le cas des plus fines mosaïques (opus vermiculatum) , mais aussi de pave- ments plus rustiques, les éléments peuvent être mis en œuvre sous forme d’éclats. La plupart des tesselles sont en pierre : calcaire, marbre, grès, schiste… Dans la

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