Morisques | García-Arenal, Mercedes

Morisques 989 Morisques Sont appelés « morisques » ou « nouveaux chrétiens de Maure » les musulmans qui habitaient la péninsule Ibérique et qui furent convertis de force au chris- tianisme, par décret, au début du xvi e siècle, puis expulsés d’Espagne au début du xvii e . Le cas de ces musulmans – sinon de confession, du moins d’origine – présente des similitudes et des différences avec celui de leurs contemporains, les « marranes » ou judéo-convertis, ces « nouveaux chrétiens d’origine juive » qui, eux, ne furent jamais expulsés. Leur conversion, comme celle des juifs à par- tir de la fin du xiv e siècle, donna lieu à une rude évangélisation ainsi qu’à une forte tentative d’assimilation, orchestrées par la plus grande partie de la société. Ainsi, ils furent persécutés par l’Inquisition qui les accusait de « mahométiser » et, par conséquent, d’abjurer la « religion officielle ». Tous furent victimes à la fois de marginalisation et de stigmatisation puis, finalement, d’une expulsion générale (1609‑1614) qui s’apparente à un nettoyage ethnique, religieux et politique. Les morisques sont, d’une certaine façon, le résultat d’une action colonisatrice, notamment dans les derniers territoires conquis par les pouvoirs chrétiens, Valence et Grenade, où la population musulmane, restée sur ces terres, était particulièrement dense. Plutôt que d’une seule communauté, on parlera de groupes multiples présentant un large éventail de différences. L’un d’entre eux résista pour conserver sa religion d’origine et en observer les règles : il s’agit surtout des Grenadins et des Valenciens. Un autre groupe morisque s’efforça, quant à lui, d’entretenir les traditions islamiques davantage comme identité culturelle que comme ensemble dogmatique. Les deux groupes – pas toujours facilement identifiables – eurent tendance à s’adonner à la dissimulation et au secret, tandis que leur foi connut une certaine dégradation. Ils subirent la même persécution inquisitoriale. À l’autre extrémité de l’éventail, on trou- vait des morisques assimilés et christianisés, dits « bons chrétiens ». Pour cha- cun de ces groupes morisques (valenciens, aragonais, grenadins et castillans), la fidélité à l’islam, en fonction des conditions propres à chaque royaume his- panique, dépendait de l’ancienneté de la conquête chrétienne intervenue dans

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