Montagne | Albera, Dionigi

Montagne 975 Montagne La Méditerranée, comme le suggère sa définition même, est une mer entou- rée de terres. Plus précisément, elle est une mer entre des montagnes qui l’enveloppent presque entièrement à l’ouest, au nord et à l’est. Les interrup- tions de ces contreforts riverains sont peu nombreuses et de taille réduite. Mentionnons le couloir rhodanien, la plaine du Pô, le Tavoliere des Pouilles, la Thrace, la Cilicie… Seule exception majeure à la domination souveraine de la montagne, le front sud-oriental, occupé par l’immense étendue saha- rienne qui, de la Tunisie à l’Égypte, arrive directement jusqu’à la mer. Après l’interruption du delta du Nil, le désert continue dans le Nord du Sinaï (tan- dis que des montagnes apparaissent dans le Sud de la péninsule), ensuite dans le Néguev, puis en Jordanie et en Syrie, tout en s’éloignant désormais de la mer. Au demeurant, un simple coup d’œil à une carte géographique de la région méditerranéenne dévoile le poids écrasant de la masse montagneuse. Par rapport à elle, et malgré toute leur importance, les terres des citronniers et des orangers apparaissent minoritaires. Immense, le haut pays des neiges, avec ses hivers interminables et froids, dessine un contraste saisissant avec le cœur chaud de la mer. La présence de la montagne ne s’arrête pas à cette évidence physique. Il y a également des montagnes imaginaires qui peuplent les productions culturelles (mythes, traditions, arts, littératures, religions…) des nombreuses civilisations qui se sont succédé dans l’espace méditerranéen. Ces montagnes imaginaires ont naturellement des relations d’analogie et des imbrications avec les mon- tagnes réelles ; mais elles ont aussi des marges considérables d’autonomie. C’est de cette constellation de symboles conditionnant l’appréhension des montagnes en Méditerranée qu’il convient de partir avant d’examiner de plus près leur conformation physique et leurs caractéristiques humaines.

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