Messinien | Suc, Jean-Pierre; Popescu, Speranta-Maria

Messinien 920 lors qu’ils reposent sur une surface d’érosion et que leurs bottomset beds livrent les fossiles du Zancléen. Le niveau marin global continuant de s’élever, les seuils périméditerranéens seront successivement franchis par les eaux marines jusqu’à ce que celles-ci atteignent la mer Noire à 5,30 Ma (planches II-IV). Les effets Le paroxysme de la crise de salinité messinienne a eu des effets immédiats et des effets différés à court, moyen et long terme. Effets immédiats Ceux-ci ont pour l’essentiel déjà été énoncés. Rappelons-les brièvement : – chute extrêmement rapide d’environ 1 500 m du niveau marin (estimée s’être produite en 1 600 ans seulement) ; – transport fluviatile des sédiments fins et grossiers vers les bassins centraux où ils s’accumulent sous forme d’épais cônes détritiques ; – intense érosion fluviatile et karstique ; – dépôt d’un huitième des évaporites au fond des bassins centraux. Mais il est une autre conséquence majeure : la disparition quasiment instanta­ née des organismes marins qui peuplaient la mer Méditerranée (poissons, mol- lusques, plancton, etc.) et qui ne purent survivre aux conditions hypersalées. Effets à court terme À l’échelle de la dizaine de milliers d’années, on doit mentionner l’augmentation de xéricité sur l’ensemble des espaces préalablement occupés par la mer, modifi- cation qui s’étendit aux régions riveraines comme l’Anatolie et mit en déficit le bilan hydrologique de la mer Noire (Murphy et al ., 2009) dont le niveau s’ef- fondra simultanément (Gillet et al ., 2007). Outre le début de l’érosion du seuil de Gibraltar et l’isolement rapide de bassins suspendus immergés comme l’avant-­ fosse apenninique (planche IIId), deux conséquences essentielles sont à signaler : la migration latitudinale de mammifères qui ont pu traverser le bassin « à pied sec » dans les deux sens et le réajustement (ou rebond) isostasique de la litho­ sphère légèrement rehaussée du fait de la suppression de la charge en eau. Si le premier phénomène a été déduit de l’étude des faunes fossiles, le second reste dif- ficile à évaluer mais a pu être perçu dans quelques secteurs avec le concours de la modélisation numérique, comme en vallée du Rhône, dans les Pyrénées orien- tales et en mer Noire. Ce réajustement a probablement joué un rôle important au niveau des seuils qui séparaient les différents sous-bassins méditerranéens.

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