Médias | El Oifi, Mohammed; Gebeil, Sophie

Médias 902 réunit annuellement les opérateurs de l’audiovisuel et de la culture de la région euro-méditerranéenne ; son secrétariat général, basé à Rome, est hébergé par la rai . Elle regroupe aujourd’hui plus de 130 entreprises audiovisuelles de 25 pays, parmi lesquelles les principaux radiodiffuseurs publics de la région, ainsi que les deux grandes unions de radiotélévision européenne, Union européenne de radio-télévision ( uer ), et arabe, Arab States Broadcasting Union ( asbu ). Son ambition est de regrouper l’ensemble des acteurs des médias et de contribuer à l’organisation de manifestations culturelles. Les membres de la copeam se sont ainsi impliqués dans plusieurs projets euro-méditerranéens, financés par les programmes Euromed Audiovisuel et Euromed Heritage, tels que « Capmed » (2000‑2005) et « Med-Mem » (2009‑2012). Associant des pays des deux rives de la Méditerranée (l’Italie [ rai ], la Grèce [ ert , iom ], la Turquie [ trt ], Chypre [ c y bc ], la Jordanie [ jrtv ], la Palestine [ pbc ], l’Égypte [ ertu ], Malte [ pbc ], la Tunisie [ ertt ], l’Algérie [ entv ], le Maroc [ tvm – 2m ] et la France [ ina , mmsh ]) ; ces projets ont porté sur la préservation des archives des télévisions publiques. La mémoire méditerranéenne, mise en visibilité à travers le patrimoine audiovisuel, apparaît sur le site comme un assemblage de cultures plurielles unifiées par le dispositif. Mais au sud de la Méditerranée, la « révolution médiatique » est surtout mise en œuvre par des télévisions satellitaires installées en Europe et notamment par la chaîne d’information en continu qatarie al-Jazeera qui a pu transformer les règles du jeu et les rapports de force sur le champ médiatique arabe (El Oifi, 2004). Confrontées à l’autoritarisme des dirigeants arabes et au monopole qu’ils exercent sur les médias audiovisuels, les oppositions arabes ont eu recours au lancement de médias à partir de l’étranger, comme ce fut le cas de la chaîne al-Hiwar (dialogue) en Tunisie avant 2011. Al-Jazeera est née à un moment historique précis, mar- qué par l’éclipse des acteurs traditionnels dans le monde arabe : l’Égypte, l’Irak et l’Algérie. L’hostilité rencontrée par l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani dans la péninsule Arabique, et notamment de la part de l’Arabie Saoudite après son coup d’État contre son père en 1995, l’a poussé à prendre une série de mesures pour légitimer son pouvoir, dont le lancement, en novembre 1996, de la chaîne al-Jazeera et l’abolition du ministère de l’Information qatari. Mettre l’accent sur la nature des relations entre le Qatar et l’Arabie Saoudite est fondamental pour comprendre le poids d’al-Jazeera dans les relations interarabes depuis la seconde moitié des années 1990. Alors que le champ médiatique arabe était, jusqu’en 1996, largement dominé par une alliance saoudo-libanaise, cette asso- ciation inégalitaire et hétérogène sur le plan des systèmes de valeurs a donné lieu à des médias globalement libéraux sur le plan économique et social, et conser- vateurs sur le plan politique. Ces médias prônent également une grande ouver- ture sur les États-Unis et fonctionnent comme des armes idéologiques contre

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