Médecine | Buzzi, Serena; Ferracci, Elsa

Médecine 887 Médecine La médecine, conçue à la fois comme un art rationnel et une pratique par les- quels l’homme soigne son corps et son esprit, naît sur les rives de la Méditerranée orientale. C’est dans les cités grecques du v e et du iv e siècle av. J.‑C. que s’éla- bore la médecine comme science et qu’apparaît peu à peu la figure du médecin, sous des traits devenus archétypaux qui définissent aussi bien sa fonction sociale que ses compétences techniques. Des rives de l’Asie Mineure jusqu’à Rome, des centres médicaux de Cos, fameuse patrie d’Hippocrate, « père de la médecine », et Cnide jusqu’à la Grande Grèce et la Sicile, le contexte de la science médicale occidentale antique est proprement méditerranéen, déterminé par des confluences sociologiques, religieuses et scientifiques qui tendent à l’émergence d’un niveau de pensée spécifique au sein duquel pensées magiques, religions et savoirs entre- tiennent des liens complexes et inédits. L’art de guérir, qui jusqu’alors était géné- ralement l’apanage, au sein d’autres aires culturelles, du sacré, du religieux ou d’une tradition réservée, acquiert dans le monde grec une certaine autonomie favorisée par le développement de la discussion et de la critique, qui cependant ne doit pas être exagérée : la diversité des strates qui constituent la médecine occi- dentale naissante ne confère pas d’emblée un visage unifié à la science médicale. Au sein de l’espace méditerranéen, l’aire égéenne est d’une importance fon- damentale pour l’acte de naissance de la médecine, du fait de l’ancienneté et de l’abondance des sources écrites et des sites archéologiques qu’elle nous a livrés. Sur les plans scientifique et théorique, cet apport initial des Grecs à la médecine reste fondamental. Il nous est connu par un processus historique remarquable de trans- mission des textes, qui nous a donné en héritage un corpus médical constitué de façon progressive et remanié à la période alexandrine : le corpus dit « hippocra- tique ». Composée d’une soixantaine de traités, d’auteurs divers et le plus souvent anonymes, cette collection hétérogène, dont bien peu d’ouvrages peuvent être réel- lement attribués à Hippocrate lui-même, représente l’une des sources principales de notre connaissance de la médecine ancienne, qui s’avère d’une grande richesse conceptuelle et révèle un contexte tant intellectuel que religieux bien spécifique.

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