Martyr | Bromberger, Christian

Martyr 857 Martyr En grec, langue des Évangiles chrétiens, comme en arabe, langue de l’islam, le mot qui désigne le martyr (martus, shahid) signifie originellement « témoin ». Le martyr, c’est d’abord celui qui a témoigné de sa foi, a refusé de l’abjurer et, pour ne pas avoir renié sa croyance, a été mis à mort. En hébreu, le lien étymo- logique entre « témoin » et « martyr » n’est pas attesté, mais le martyr, c’est aussi celui qui a refusé de renier sa foi, fût-ce au prix de sa vie, c’est celui qui, à l’ab- juration, a opposé la « sanctification du Nom (divin) » (le kiddouch hachem en hébreu, que l’on peut traduire par « martyre »). Mais, alors que dans le christia- nisme et l’islam, chiite surtout, il y a exaltation et culte des martyrs, ceux-ci n’oc- cupent pas une place centrale dans le judaïsme. « La vénération populaire dont les saints juifs ont parfois été entourés ne saurait en effet jamais se confondre avec un culte. » (Bobichon, 1995‑1996, p. 118.) Le martyre dans le judaïsme semble, au demeurant, avoir été influencé par le christianisme, aux ii e , iii e et iv e siècles, « le judaïsme rabbinique et le judaïsme chrétien » ayant été à cette période « aussi intimement et inextricablement liés l’un à l’autre que peuvent l’être des jumeaux » (Boyarin, 2004, p. 128). Dans le langage courant aujourd’hui, le sens du mot « martyr » s’est élargi à l’individu qui a fait don de sa vie pour une cause juste (martyr de la résistance, de la guerre d’indépendance…) ou encore à la victime d’un pouvoir inhumain (martyrs du nazisme…). Mais cantonnons-nous d’abord au sens premier en notant que, dans le judaïsme, le christianisme et dans l’islam, le martyre n’a pas le même champ d’application. Dans les deux premiers cas, le martyr est la victime volontaire et passive d’un pouvoir inhumain. Dans la tradition juive, Hannah encouragea ses fils à préférer le martyre à la transgression de la Loi (on les forçait, en ces temps de persécution – ii e siècle – en Palestine, à manger du porc) ; dans la tradition chrétienne, les martyrs sont persécutés et mis à mort pour leur foi (Étienne, le protomartyr, Pierre et Paul sous Néron, Perpétue et Félicité, les vierges mar- tyres sous Commode et Septime Sévère, Sébastien sous Dioclétien, ou encore les néo-martyrs orthodoxes, contraints de se convertir à l’islam, puis se repentant

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