Marathon, bataille de | Aurigny, Hélène

Marathon, bataille de 840 l’historien de connaître les effectifs exacts des armées en présence, vu l’exagéra- tion des sources grecques ; on peut admettre que les hoplites athéniens étaient 9 000, sans compter les esclaves, et si la disproportion des forces était nette, il est vraisemblable que les Perses furent quelques dizaines de milliers et non plu- sieurs centaines de milliers comme cela a parfois été proposé. Le délai d’une huitaine de jours entre l’arrivée des hoplites athéniens et le déclenchement de l’attaque est étonnant : Hérodote le mentionne avant que les versions ultérieures du récit de la bataille ne le gomment (dès le iv e siècle) et met en scène le débat entre les stratèges, et l’argumentation de Miltiade qui persuade Callimaque et ses collègues d’attaquer les Perses. Ce retard s’explique par les hésitations des Athéniens, qui ont attendu que les Perses commencent à rembarquer pour les attaquer (Brun, 2009, p. 50). Malgré plusieurs zones d’ombre, la bataille peut se résumer ainsi : les Athéniens, conscients de leur infé- riorité numérique, renforcent les ailes droite et gauche au détriment du centre, qui est logiquement enfoncé ; mais les hoplites des deux ailes l’emportent et, au lieu de poursuivre leurs adversaires, se rejoignent pour reprendre le centre et remportent la victoire. Ils capturent finalement sept vaisseaux aux Perses qui rembarquent. La particularité de la bataille de Marathon réside dans l’utilisa- tion de la phalange hoplitique : les troupes forment une ligne de front qui doit demeurer compacte pour que chacun des hoplites protège et soit protégé par ses compagnons. Mais il est difficile de croire, comme le rapporte Hérodote, que les hoplites aient chargé au pas de course sur huit stades (presque 1 500 m), lourdement armés. D’autre part, il n’est pas fait mention dans la bataille du déploiement de la cavalerie perse, pourtant le point fort de cette armée ; on peut penser qu’elle avait déjà rembarqué, ou bien qu’elle n’a pas pu se déployer uti- lement contre l’assaut des hoplites athéniens et platéens. Hérodote développe une manière d’écrire l’histoire qui fait la part belle aux individus. Callimaque a combattu héroïquement avant de périr – un monument offert sur l’Acropole d’Athènes formé d’une statue de victoire sur une colonne en témoigne – ainsi qu’un des stratèges ; le frère du poète Eschyle, Cynégire, avait aussi péri dans la bataille, la main tranchée alors qu’il s’accrochait à un navire perse ; on ne sait rien néanmoins sur la conduite de Miltiade au cours du combat, ce qui suggère que son importance à Marathon a été renforcée après coup. Le bilan des pertes atteste un triomphe sans appel des Athéniens, qui comptent 192 morts contre plus de 6 000 (selon Hérodote) dans les rangs ennemis. Les Perses rembarquent pour contourner le cap Sounion au sud de l’Attique et se rendre à Athènes avant le retour des hoplites. La tradition reprise par plu- sieurs historiens rappelle que les Perses avaient reçu des signaux de certains Athéniens, notamment la famille des Alcméonides (Hérodote, VI, 121‑123), leur indiquant le moment d’attaquer la ville : il n’y avait donc pas d’unanimité

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