Maïmonide | Robberechts, Édouard

Maïmonide 819 Maïmonide (1138‑1204) Moïse Maïmonide est né à Cordoue en Espagne musulmane, dans une célèbre lignée de rabbins et de juges. Il reçoit une vaste éducation, aussi bien talmudique que philosophique et scientifique. En 1148, Cordoue est envahie par une secte musulmane, les Almohades, qui s’emparent d’abord de l’Afrique du Nord, puis de l’Espagne. Les juifs sont obligés de se convertir ou de partir. La famille de Maïmonide erre longuement en Espagne, puis s’installe à Fès au Maroc en 1159, jusqu’à ce que le maître de Maïmonide (Juda Hacohen ibn Chouchan), sommé d’abjurer sa foi, soit tué par les musulmans en 1165. La famille traverse alors la Méditerranée, s’installe à Acre pendant six mois, mais en raison des conditions de vie difficiles dans cette terre ravagée par la lutte entre croisés et musulmans, elle finit par s’établir à Fustât en Égypte en 1166. Comme dans beaucoup de familles juives, le frère de Maïmonide, David, travaillait pour subvenir aux besoins de son frère et lui permettre ainsi de se vouer à l’étude. Mais il meurt vers 1177 dans un naufrage. Maïmonide se met alors à pratiquer la médecine et devient médecin attitré de la cour de Saladin. Cela ne fit que renforcer sa réputation déjà grande dans la communauté juive en tant que décisionnaire principal de sa génération : il fut reconnu comme une autorité juridique fondamentale par l’ensemble du judaïsme, et cela jusqu’à nos jours. Le judaïsme d’alors traversait deux crises. La première est liée au déclin de la communauté babylonienne : la communauté juive se retrouve désormais épar- pillée autour de la Méditerranée et en Europe dans de petites communautés aux moyens institutionnels et humains très réduits, dans des situations poli- tiques souvent précaires, au cœur d’un monde en pleine mutation. La seconde accompagne le retour de l’aristotélisme : une nouvelle notion de vérité fon- dée sur l’expérience est en train d’émerger et de poser un défi à la vérité révé- lée des religions. À la première crise, Maïmonide va répondre en écrivant le Michneh Torah , la Répétition de la Torah (vers 1180), écrit dans un hébreu limpide en quatorze livres. Face au vide d’autorité créé par la dispersion des communautés juives loin

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=