Livourne, bataille de | Calafat, Guillaume

Livourne, bataille de 804 un espace de négoce attractif, avec le maintien d’une forte activité commerciale, encore au xvii e siècle. Aussi les « Nordiques » ne devraient-ils pas leur fortune à la seule expansion transocéanique, mais bien à la captation stratégique de certains débouchés économiques méditerranéens, à une concurrence agressive fondée en particulier sur l’offre de produits manufacturés à bas prix, à l’instar des new draperies qui inondent l’Empire ottoman et contribuent à évincer les Vénitiens des marchés levantins. L’incursion des navires et des marchands venus de l’Atlantique et de la mer du Nord s’accompagne rapidement d’un besoin de représentation diplomatique : les consulats anglais et hollandais se multiplient à mesure que le commerce s’intensifie, d’abord dans les péninsules Italienne et Ibérique, puis dans les îles grecques et dans tout l’Empire ottoman. En cela, l’oc- troi de « Capitulations » par le sultan, en 1580 pour les Anglais et en 1612 pour les Provinces-Unies, témoigne du développement de la diplomatie commerciale des deux nations. Par ailleurs, de petites colonies de marchands et de marins anglais et hollandais commencent à fleurir, en particulier à Livourne et Venise. Le port toscan de Livourne est sans doute l’exemple le plus fameux de cette « installation » des Nordiques en Méditerranée, fonctionnant comme une véri- table base logistique, au cœur de la péninsule Italienne, pour les marins, les marchands et les armateurs anglais et hollandais. Invités par les Médicis à venir peupler la ville nouvelle, les marins (au départ des corsaires essentiellement) puis les négociants anglais bénéficient des privilèges fiscaux et des mesures popula- tionnistes accordés par les grands-ducs de Toscane dans la seconde moitié du xvi e siècle (on pense en particulier aux lois connues sous le nom de Livornine édictées en 1591 et 1593, qui profitèrent en particulier aux juifs séfarades et aux marranes). Le « port franc » de Livourne devient ainsi un grand port d’en- trepôts pour les Anglais, une escale cruciale dans la stratégie d’implantation commerciale de la Levant Company en Méditerranée. Des maisons de commerce anglaises s’installent dans la première moitié du xvii e siècle – une petite dizaine en 1650 – et s’organisent en corps (l’ English Factory ) ; certes, quelques vicissi- tudes religieuses apparaissent lorsque des pasteurs anglicans commencent à prê- cher publiquement à Livourne – ils n’y seront formellement autorisés qu’en 1707. Cependant, la présence anglaise se consolide au point de faire du port toscan le centre névralgique de leurs intérêts commerciaux en Méditerranée, voire, pour certains contemporains, un véritable appendice de l’Angleterre. Les Hollandais, quant à eux, commencent à affluer dans le port toscan, surtout à partir de la trêve de Douze Ans (1609‑1621) qui interrompt la guerre entre les Provinces-­ Unies et l’Espagne et qui permet une navigation plus sûre en Méditerranée. Si la reprise des hostilités suspend temporairement l’expansion hollandaise dans la mer Intérieure, celle-ci reprend de plus belle dans les années 1640, et en particulier au moment où la guerre de Candie entre Vénitiens et Ottomans (1645‑1669)

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