Littoral | Perrin, Coline

Littoral 799 0 à 10 km) est artificialisée à plus de 40 % (Moriconi-Ébrard, 2001). Environ 200 km de rivages naturels ou agricoles disparaissent chaque année face à l’éta- lement urbain, aux infrastructures de transport ou logistiques (112 aéroports, 750 ports de plaisance, 286 ports de commerce) et aux emprises industrielles. Le littoral méditerranéen a attiré la sidérurgie (Fos-sur-Mer, Tarente, Alger dans les années 1970), la production énergétique (13 établissements gaziers, 55 raffi- neries, 180 centrales thermiques, selon le Plan Bleu) et les parcs de haute tech- nologie, comme Sophia Antipolis. La Méditerranée est enfin le premier « lac touristique » mondial, accueillant 210 millions de touristes internationaux en 2005 (Bethemont, 2008), auxquels s’ajoutent de plus en plus de nationaux avec l’accroissement des niveaux de vie et des mobilités. Alors que la pratique de la villégiature aristocratique hivernale ne concernait que quelques côtes rocheuses reliées par le chemin de fer à l’Europe du Nord, le tourisme balnéaire estival a engendré depuis les années 1960 une nou- velle prospérité et une urbanisation intense des littoraux. Les modèles européens des structures d’accueil, qu’il s’agisse du Club Méditerranée (présent dès 1950 aux Baléares) ou des marinas, ont été imités jusque sur les rives sud et est. Ce mode de développement est aujourd’hui remis en cause : souvent monofonctionnel et saisonnier, parfois sous la dépendance d’acteurs et de capitaux étrangers, il consti- tue aussi une menace pour la préservation des ressources naturelles. Le littoral méditerranéen est en effet un milieu géographique fragile. La ges- tion de l’eau y est notamment un enjeu majeur. Au sud, dans un climat semi-­ aride, la pénurie de cette ressource s’accroît avec l’augmentation simultanée des besoins pour les usages domestiques, l’agriculture irriguée, l’industrie et le tou- risme. Les grands fleuves et les nappes parfois fossiles sont surexploités, provo- quant par endroits une salinisation des sols. Les usines de dessalement de l’eau de mer se multiplient, produisant 10 millions de m 3 d’eau par jour en 2008 (Plan Bleu). En 2002, 60 % des eaux usées étaient rejetées dans la mer sans traitement préalable. Les déchets d’origine terrestre, la surexploitation des res- sources halieutiques, le trafic maritime et la navigation de plaisance polluent la mer, dégradent les petits fonds marins et menacent la biodiversité comme dans la lagune de Venise. Cette mer semi-fermée sans marées notables pourrait deve- nir une mer morte. Les risques naturels ont toujours été présents en Méditerranée, notam- ment ceux liés à l’activité tectonique (séismes, volcans). Certains sont ampli- fiés aujourd’hui par les pressions anthropiques et le changement climatique. L’artificialisation du rivage, la diminution des apports alluviaux en raison, entre autres, des grands barrages fluviaux et l’élévation du niveau de la mer, peuvent modifier rapidement le trait de côte et affecter les implantations humaines : la plage de Tanger, par exemple, a disparu en deux décennies.

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