Littoral | Perrin, Coline

Littoral 798 Littoral Le littoral méditerranéen est morcelé entre vingt-deux entités politiques et trois continents. Cet espace contrasté est un vaste patrimoine culturel qui peut évo- quer tout à la fois la plage et les vacances ou les migrants clandestins. Interface terre/mer très attractive, le littoral a d’abord été aménagé de manière ponctuelle, pour des ports de pêche ou de commerce et pour des places fortes militaires. Sur les côtes découpées (42 % des 46 000 km du littoral sont consti- tués d’anses rocheuses et de nombreuses îles), les échanges étaient plus faciles par mer que par terre : de l’Antiquité aux Temps modernes, des thalassocraties se sont développées (Athènes, Carthage, Tyr, Venise). Les grands deltas et les côtes basses avec cordon et lagune étaient insalubres, et la plupart des rivages restaient ignorés et moins peuplés que l’intérieur. Les sociétés locales étaient plu- tôt terriennes : elles s’installaient sur les hauteurs, observant la mer, quand elles ne lui tournaient pas le dos. L’attractivité contemporaine du littoral résulte à la fois d’une revalorisation commerciale et stratégique et d’un renversement des représentations depuis la fin du xviii e siècle. Au sud, la colonisation de l’Afrique puis l’ouverture du canal de Suez ont provoqué le renouveau du commerce maritime et le développement de grandes villes comptoirs et ont favorisé l’engouement pour l’orientalisme. Au nord, la révolution industrielle a accéléré l’essor des villes portuaires (Marseille, Barcelone, Gênes). La douceur des hivers a permis le développement de huertas littorales irriguées : les oranges de Valence transportées par bateau en Grande- Bretagne, la floriculture sur la Côte d’Azur et la Riviera ligure…La Méditerranée est devenue une destination prisée par les Européens du Nord les plus aisés, pour un Grand Tour en Italie ou un hiver sur la promenade des Anglais. Depuis 1950, la littoralisation de la rive sud s’est accélérée sous l’effet de l’accroissement naturel et des migrations interrégionales et internationales. La concentration des activités humaines en bord de mer a vidé certains arrière-pays et créé des déséquilibres démographiques : les régions côtières comptaient 95 mil- lions d’habitants en 1970 et 160 millions environ en 2010. La bande côtière (de

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