Juifs | Trevisan Semi, Emanuela

Juifs 763 qui était celle de réunir les juifs dispersés et de les représenter face à l’autorité politique, elles avaient la particularité d’être dotées de véritables institutions d’autogouvernement, avec leur propre académie religieuse, la yeshivah et leurs propres tribunaux. Cette forme d’organisation diasporique, même si elle est limitée à l’époque de la conquête romaine, est à nouveau reconnaissable après la conquête arabe. La mobilité des juifs en Méditerranée fut déterminée par la condition de précarité sociopolitique des pays dans lesquels ils ont émigré, surtout après la chute du temple de Jérusalem en 70 apr. J.‑C., par les expulsions et les persécu- tions dont ils furent l’objet et par les rares types de travaux qu’il leur fut permis de pratiquer, ce qui les a par conséquent portés vers les activités commerciales et mercantiles. La grande mobilité qui a caractérisé l’histoire juive dans le bas- sin méditerranéen a permis le développement de denses réseaux de rapports diasporiques qui traversaient les États et grâce auxquels l’information pouvait circuler. Aux communautés juives de la diaspora, les informations arrivaient avec rapidité sur les nouvelles découvertes, les nouvelles marchandises dis- ponibles, les changements politiques, les conditions de vie en général ou les niveaux de majeure ou mineure tolérance ou intolérance vis-à-vis des juifs dans les différents pays, ou encore sur les conditions favorables pour développer le commerce de certaines marchandises. Tout cela conféra aux juifs une grande mobilité vers les territoires les plus sûrs ou les plus prometteurs en matière de commerce et de marché ou qui garantissaient, de toute façon, de meilleures conditions de vie. Les juifs ne furent pas les seuls à développer de tels réseaux ; les Arméniens et les Grecs en firent autant et, à certaines époques et dans cer- tains territoires, les uns imposèrent leur prédominance sur les autres. Dans le cas des juifs, les rabbins et les représentants des communautés se déplaçaient pour recueillir de l’argent pour les juifs de Terre sainte qui vivaient comme des mendiants, pour recueillir des informations sur les conditions de vie des autres communautés ou pour chercher les mythiques tribus perdues, dissé- minées et chassées à l’arrivée des Assyriens. Une langue commune, l’hébreu, était utilisée dans les échanges épistolaires entre les communautés les plus dis- tantes, surtout pour des questions liées à des problèmes d’observance rituelle et d’interprétation de la loi religieuse tandis que les autres langues – les langues de fusion ou langues hybrides comme le judéo-espagnol, le judéo-arabe, le judéo-italien ou le yiddish, toutes écrites en caractères hébraïques – étaient utilisées pour les autres formes de communication (avec l’espagnol et le por- tugais). L’alphabet hébraïque, qui constitua, en réalité, une sorte de barrière vers l’extérieur et de défense contre l’assimilation au monde environnant, per- mit aussi une communication ininterrompue au sein des divers membres du monde juif diasporique.

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