Îles | Bernardie-Tahir, Nathalie

Îles 689 sont très mal vécus par les populations locales qui se sentent dépossédées de leur territoire. Par ailleurs, la dégradation des ressources environnementales consti- tue un autre motif d’inquiétude dans des îles caractérisées par des écosystèmes fragiles. Au-delà de la pollution des eaux et des biotopes marins générée par une pression anthropique parfois mal maîtrisée, la question de l’alimentation en eau reste particulièrement épineuse dans les petites îles méditerranéennes qui ne disposent pas de ressources en eau suffisantes pour satisfaire une demande accrue par les besoins urbains, touristiques et parfois agricoles (dans le cadre des agricultures irriguées). La Méditerranée forme en effet un espace unique au monde où l’important stress hydrique et les fortes chaleurs de la période estivale – caractéristiques du climat méditerranéen – coïncident avec le pic de consom- mation en eau lié à l’irrigation agricole et à la forte fréquentation touristique. Les contrastes de peuplement sont en effet très importants entre l’été et le reste de l’année, comme à Skopelos où la fréquentation atteint 15 000 personnes en moyenne par jour, alors que la population pérenne hivernale ne dépasse pas 5 000 habitants et il n’est pas rare de voir la population décupler en été, comme à Mykonos ou à Ibiza où le nombre de touristes est seize fois supérieur à celui des habitants. Dans ces conditions, il y a nécessairement pénurie d’eau en été dans les îles dépourvues de relief ou de réserves aquifères. Des îles comme Malte ou Lampedusa tentent d’y remédier en installant des usines de dessalement d’eau de mer (technique de l’osmose inverse), efficaces mais très coûteuses en énergie. D’autres plus proches du continent comme Djerba ou certaines îles dalmates sont approvisionnées par des conduites sous-marines. Dans tous les cas, l’eau représente incontestablement un facteur limitant du développement insulaire. Toutefois, il convient de nuancer ces propos selon les îles et selon les échelles d’analyse. Il ne s’agit pas non plus de distribuer les bons et les mauvais points et de faire du tourisme en particulier la cause de tous les maux insulaires actuels. La déprise démographique observée dans les territoires ruraux intérieurs est d’abord le résultat d’un déclin intrinsèque de l’économie agricole traditionnelle que la dynamique de l’économie touristique littorale n’a fait qu’accélérer. D’ailleurs, on constate aujourd’hui un certain renouveau de ces espaces grâce à l’émergence d’un processus de patrimonialisation qui prend corps dans un certain nombre d’îles. Dans l’arrière-pays ajaccien, un mouvement de valorisation patrimoniale s’est ainsi développé autour de produits agricoles emblématiques de la Corse (châtaignes, charcuterie, fromages, vigne, miel, etc.) dont la qualité, la spécifi- cité et l’image « insulaire » leur ont permis d’être labellisés en aoc et d’accéder à des débouchés porteurs. Articulées en partie avec l’activité touristique dont la clientèle est de plus en plus en demande de produits du « terroir », ces nou- velles initiatives ont permis de réduire la fracture territoriale littoral/intérieur en induisant une augmentation significative de la population dans l’arrière-pays

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