Identification (Antiquité - Epoque moderne) | Moatti, Claudia; Kaiser, Wolfgang

Identification 667 Identification Antiquité – Époque moderne Les formes de contrôle et les procédures d’identification des personnes n’ont pas en Méditerranée une histoire linéaire ni unifiée. La formation des États- nations a en effet constitué une vraie rupture : dans des territoires « nationaux » aux confins bien fixés, une distinction univoque et convergente s’impose entre l’étranger, le citoyen, le national et l’apatride et se trouve attestée par des docu- ments d’identification permanents où la rubrique « citoyenneté » ou « nationa- lité » définit de manière tranchante celui qui est dedans et celui qui est dehors. Pour les périodes précontemporaines, au contraire, et a fortiori dans un espace méditerranéen marqué par un pluralisme politique, culturel, religieux, consi- dérer une « grammaire nationale » visant à fixer les gens de manière définitive serait anachronique, tant les rapports d’inclusion/exclusion étaient multiples, tant il y avait de l’interdépendance, de la « cosmopolitisation » même, c’est-à‑dire une multidimensionnalité des appartenances et des identifications, tant enfin les changements de statut étaient fréquents. De ce fait, les procédures de contrôle et d’identification obéissaient à des logiques multiples qui, loin de s’exclure les unes les autres, se cumulaient le plus souvent. L’analyse des raisons, formes et modalités de l’« identification » se pose ainsi comme alternative à une enquête sur les « identités » qui fixe et essentialise les catégories socioculturelles dans les sociétés du passé. La notion d’identification Une identification peut se dérouler dans trois contextes : un individu ou une institution cherche à identifier une personne, afin de la fixer dans un rôle précis (cens, cadastre, etc.) ; ou bien il cherche à donner des éléments d’identification

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