Galères | Zysberg, André

Galères 578 de leur coque. On les nommait également d’après leur nombre de rameurs, qui déterminait leurs dimensions et leur vitesse. Le terme « galée » s’emploie à l’époque médiévale. Selon une étymologie incer- taine, il désignait une gamme de bâtiments très variée : des navires de guerre, comme les trirèmes vénitiennes, mais aussi de grands voiliers de transport, les galées, dotés de rames facilitant les manœuvres à l’approche de la côte et des ports. Quant au mot « galères », il n’apparut qu’au début du xvi e siècle et s’ap- pliqua désormais à ces navires de combat, qui constituèrent la force de frappe des États méditerranéens, tandis que les galées marchandes disparurent au profit de bâtiments de commerce mus exclusivement à la voile. Le vocabulaire naval recèle de multiples pièges, le même mot s’appliquant parfois à ces navires très différents d’une époque et d’une aire géographique à l’autre. Nous choisirons le terme générique de galère pour désigner tous les bâtiments de mer possédant des caractéristiques voisines : une coque effilée dont le coefficient d’allongement (rapport entre la longueur et la largeur) est compris entre 7 et 8 ; une faible hau- teur de plat-bord au-dessus de l’eau (souvent inférieure à 2 m) afin de faciliter le travail des avirons, un mode de propulsion associant la rame à la voile. Cette famille de navires est adaptée à la Méditerranée, dont le climat se montre très variable en toutes saisons : au calme plat ou bonace peuvent succéder brusque- ment des vents très violents et irréguliers, dans une mer étroite au regard de l’immensité océane, qui dessine un espace très compartimenté, parsemé d’îles et d’archipels, avec des côtes découpées, qui sont autant d’abris et de repaires pour les prédateurs. Peu de navigation hivernale, ni de très longues traversées. La galère reste mobile quand tous les autres bâtiments à voile sont encalminés ; mais elle est aussi très fragile en cas de tempête, les vagues balayant son pont et empêchant toute manœuvre. Esquissons l’évolution des galères. La première étape, la plus longue et la plus obscure, entre le III e et le I er millénaire avant notre ère, nous conduit des pirogues du delta du Nil ou de la Méditerranée orientale (encore mues à la pagaie) aux bateaux longs avançant à la rame et à la voile, celle des Mycéniens de la guerre de Troie, celle aussi de la flotte pharaonique qui repousse vers 1 200 av. J.‑C. la tentative d’invasion des peuples de la mer. On ignore tout des équipages de ces premières galères. L’âge de bronze voit le développement de la pentécontore ou galère grecque à 50 rameurs. Puis l’on passe à la dière, qui superpose 2 files de rameurs, enfin à la trière, peut-être conçue vers le milieu du vi e siècle av. J.‑C. en Ionie, qui en alignait 3. Ce type de galère forme le fer de lance de la flotte des cités grecques à l’âge classique. Les bas-reliefs et les œuvres littéraires, comme celles d’Aristophane, permettent de reconstituer l’agencement d’une trière. Le premier rang des rameurs est formé par les 62 thranites ; le deuxième comprend les 54 zeugites, et sur le dernier s’alignent les 54 thalamites. Il n’y avait pas

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