Écosystèmes | Médail, Frédéric

Écosystèmes 442 fameuse « école zuricho-montpelliéraine » de phytosociologie qui va s’imposer dans la plupart des pays européens et méditerranéens, et dominer l’écologie végé- tale durant une cinquantaine d’années. L’approche phytosociologique a d’ail- leurs été étendue au niveau marin et, en 1959, Roger Molinier propose dans sa thèse une étude fouillée des biocénoses marines du cap Corse qu’il met en paral- lèle avec l’agencement de la végétation terrestre de ce secteur si contrasté sur le plan environnemental. De son côté, Louis Emberger (1897‑1969) propose déjà une approche intégrative de l’écologie végétale, incluant la paléobotanique et la caryologie. Dans les années 1930, ses recherches au Maroc lui permettent d’ap- profondir les relations entre les groupes d’espèces végétales et les facteurs abio- tiques, en particulier le climat. Jusqu’au milieu du xx e siècle, l’écologie est ainsi dominée par les approches descriptives et fixistes qui reposent certes sur l’étude approfondie de l’agence- ment de la végétation terrestre, mais sans que se manifestent d’avancées concep- tuelles significatives concernant le fonctionnement des écosystèmes. Mais de nouvelles théories vont naître grâce à de fameux zoologistes nord-américains, tels G. E. Hutchinson, P. J. Darlington et surtout R. H. MacArthur (1930‑1972). Ils sauront intégrer les fruits de la biogéographie insulaire ou de l’étude des pro- cessus évolutifs, en proposant des principes généraux sur l’organisation et la dynamique des écosystèmes, afin d’élucider les causes de leurs variations de diver- sités. Mais en Méditerranée, ces nouvelles approches mêlant biologie évolutive, écologie théorique et biogéographie n’ont émergé que tardivement puisqu’elles ne se généraliseront qu’à partir des années 1990. Dans ce renouveau concep- tuel, soulignons la part de deux « pionniers méditerranéens », Ramon Margalef (1919‑2004), biologiste théoricien et limnologiste catalan, et Jacques Blondel, directeur de recherche émérite au cnrs , qui a réalisé ses travaux sur la bio­ géographie et l’écologie évolutive des avifaunes de Méditerranée. Caractérisation et originalité des écosystèmes méditerranéens La présence d’écosystèmes spécifiques à une région biogéographique donnée dépend de deux composantes principales : les caractéristiques environnemen- tales actuelles (climat, sol, types de perturbations...) et l’histoire biogéographique que ce territoire a connue dans un passé parfois fort lointain, s’égrenant sur plu- sieurs millions d’années, voire plus. Les écosystèmes de la région méditerranéenne se caractérisent par leur grande complexité et hétérogénéité de structure, de composition en espèces et de fonctionnement. Cette diversité s’explique par des situations géographiques,

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