Eau (gestion de l'eau) | Wateau, Fabienne

Eau 405 de Provence, Paris, 1963. Gestion de l’eau La Méditerranée constitue un creuset particulièrement ancien et fécond propice à l’établissement d’organisations sociales complexes et diversifiées en matière de gestion de l’eau. Ancien, car concernant l’irrigation pour le moins, son existence le long du Nil et dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate, est attestée dès 3000 av. J.‑C. Fécond ensuite, car la Méditerranée, espace d’échanges et de circu- lation, de conflits et de concertation, d’enjeux sur les territoires, se caractérise aussi par des disparités importantes en matière de quantité, de qualité et de répartition de l’eau sur l’ensemble de son pourtour. Sécheresses prolongées ou crues démesu- rées, aux variations sévissant selon les régions, les saisons et les années, ces irrégula- rités ont aussi conduit à penser des systèmes techniques de captage, de rétention et d’acheminement de l’eau adaptés. De véritables paysages et territoires de l’eau ont ainsi été dessinés au fil des temps, des plus arides aux plus luxuriants. Et l’on ne peut manquer de penser tout à la fois aux oasis du Sud de laTunisie, aux châteaux d’eau des montagnes du Liban ou du Haut-Atlas, aux cités en eau d’al-Andalus comme l’Alhambra, ou encore à la huerta de Valence en Espagne, à la plaine du Gharb au Maroc, à celle de la Durance en France, aux thermes romains un peu partout en Méditerranée, voire aujourd’hui à l’ensemble de ces champs intensifs d’oliveraies, de vignes et d’arbres fruitiers, au paysage couvert de serres de la Segura en Espagne. Du Moyen-Orient à la façade la plus occidentale de la Méditerranée, l’archéo- logie n’a cessé de mettre à jour la richesse et la diversité des techniques hydrau- liques. L’eau est captée, retenue, dirigée, utilisée pour sa force motrice, partagée ; elle est dirigée pour les champs et pour la ville, pour irriguer, boire, se laver. Entre le iii e siècle av. J.‑C. et le iv e apr. J.‑C., l’Empire romain se lance dans la construction de grands ouvrages, tels les aqueducs et les barrages. Au Moyen Âge, les sciences arabo-musulmanes innovent avec des machines hydrauliques perfectionnées (roue, galerie souterraine, etc.) (El Faïz, 2005). Les vestiges sont nombreux : des infra­ structures pour recueillir ou capter (impluviums, meskat , capteurs de rosée, casiers de ruissellement, terrasses, puits, puits à balancier, chadoufs, delou , picota , moulins,

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