Divination | Crippa, Sabina

Divination 389 En Étrurie, les grandes familles détenaient le savoir contenu dans les livres de l’ Etrusca disciplina , ensemble de règles rituelles et de prescriptions de méthode divinatoire. La révélation étrusque n’est pas caractérisée par la spontanéité et la liberté de parole qui émanent d’une inspiration divine directe, mais par un ensemble de techniques rituelles ou divinatoires. Dans la quasi-totalité des cas, les États attendent de l’oracle des conseils ou des prescriptions d’ordre public : fondation de cultes, divins et héroïques ; régle- mentation de sacrifices, d’offrandes, de dédicaces ; gestion de domaines sacrés ; procédures de purification en cas de meurtres, de suicides, de sacrilèges ou de souillures majeures ; mesures à prendre, rituels à instituer en expiation d’une calamité naturelle ou d’une épidémie ; consécration, à travers l’assentiment de l’oracle, d’une réforme institutionnelle ou législative. Dans la vision égyptienne du monde les phénomènes naturels, ponctuels ou cycliques et leur représentation constituent un élément fondamental et peuvent être considérés, en certaines circonstances, comme les indices d’un plan divin à l’œuvre. Cette notion de maîtrise est un point essentiel de la pensée égyptienne qui a développé une conception fondamentalement interventionniste également dans le domaine de la divination : on consultait l’oracle pour des décisions poli- tiques ou la nomination de grands prêtres. À Rome, les Livres sibyllins jouent un rôle essentiel dans la religion officielle comme moyen de contrôle, de consen- sus et de propagande. Mais les stratégies de la divination étant également des stratégies de pouvoir politique, nombreux sont les cas de conflits et de délégi- timation tout au long de l’histoire entre les cultures ou dans la même culture. Les Romains n’admettaient pas qu’un individu pût se prévaloir d’une commu- nication immédiate avec les dieux en dehors des formes traditionnelles, dûment enregistrées par le mos majorum et faisant partie de la religion de la res publica . Au iv e siècle de notre ère apparaît dans l’Empire romain la répression de la divi- nation. Le pouvoir de l’empereur est total et absolu, garanti par les dieux, et inscrit dans l’ordre cosmique. L’Empire interdit donc la divination sous toutes ses formes, en raison des dangers que, par son efficacité même, elle représente pour l’État ; en effet, elle relève du même type de rationalité qu’invoque le pou- voir pour fonder et confirmer sa légitimité. Le christianisme offre à la répres- sion romaine d’État une justification supplémentaire en lui apportant le soutien d’une religion qui rejette les pratiques oraculaires, et condamne dans la divination une curiositas impie à l’égard d’un avenir dont Dieu seulement régit les voies pro- videntielles. Dans la Bible, à côté de la communication par le logos , à travers les prophètes, le Dieu du monothéisme utilise les signes pour affirmer sa puissance, mettre à l’épreuve la foi de son peuple. Dans la tradition musulmane la divination est un art controversé mais parfaitement intégré dans l’orthodoxie. La prédication de Muhammad s’est constituée d’abord contre cette pratique professionnalisée

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