Croisades | Ouerfelli, Mohamed

Croisades 321 Croisades Depuis le xix e siècle, les études sur les croisades se sont mutipliées, apportant autant d’hypothèses et d’interprétations parfois contradictoires. Pour le camp traditionaliste, représenté notamment par Hans Eberhard Mayer, la croisade est un pèlerinage armé, dont l’objectif est de libérer les Lieux saints et d’aider les chrétiens d’Orient ; son accomplissement donne lieu à une indulgence plé- nière. À cette vision s’oppose celle des pluralistes, parmi lesquels se distingue Jonathan Riley-Smith, qui voit dans la croisade une guerre sainte menée contre les ennemis de l’Église, dans le but de défendre la Chrétienté et de récupérer ses biens, entre autres Jérusalem. Les études de Jean Flori mettent l’accent sur l’importance du rôle joué par la papauté tant dans le déclenchement que dans la conception d’une idéologie mobilisatrice des chrétiens d’Occident, à la fois pour délivrer le tombeau du Christ et secourir les chrétiens d’Orient. Pour Jean Richard, Urbain II fait le lien entre les secours apportés aux Byzantins, la res- titution du Saint-Sépulcre aux chrétiens et la promesse de l’indulgence liée au pèlerinage en Terre sainte. Les origines des croisades Le pèlerinage enTerre sainte est l’un des éléments précurseurs les plus importants de la croisade. Depuis le xi e siècle, le nombre de pèlerins s’accroît sur le chemin de Jérusalem. Se pose alors le problème de leur sécurité face aux attaques de brigands et à l’hostilité des populations locales, d’où la formation de groupes de pèlerins armés, qui ressemblent de plus en plus aux premières expéditions de la croisade. D’autre part, pour se défendre contre les incursions musulmanes en Italie, l’Église adopte la doctrine augustinienne de la guerre juste et encourage tous ceux qui prennent les armes contre les infidèles, comme elle l’a fait avec la Reconquista. Cette notion de guerre sainte a pu constituer un moyen utile pour une politique permettant le renforcement du pouvoir de la papauté.