Construction navale | Pomey, Patrice

Construction navale 286 calculs hydrostatiques. Cependant, à côté des grands arsenaux où se pratique une construction savante, il faut tenir compte, encore au xix e siècle, des nom- breux chantiers privés, implantés au gré des besoins, sans lourdes infrastructures et parfois sur une simple plage, qui pratiquent toujours une construction empi- rique. Sur l’ensemble du littoral méditerranéen, les métiers de la construction, maîtres de hache, charpentiers, calfats, poulieurs ou voiliers, participent, à côté des marins, à la société des gens de mer et contribuent par leur mobilité à la diffusion des savoirs et des innovations techniques. Au cours du haut Moyen Âge, la marine byzantine est l’héritière de la marine antique dont elle perpétue le type de la galère de combat à travers le dromon et l’usage de la voile latine. Plus que tout autre, les chantiers navals byzantins illustrent pendant longtemps la longue transition technique de la construction sur bordé à la construction sur membrure en produisant des navires inspirés des deux systèmes de construction. En revanche, les marines arabes et arabo-­ andalouse, qui ont bénéficié du savoir-faire des chantiers navals méditerranéens occupés durant la conquête, semblent avoir adopté rapidement la nouvelle construction sur membrure . Mais avec leur silhouette trapue, leur coque angu- leuse et leurs voiles latines, leurs caboteurs ressemblent à s’y méprendre aux caboteurs byzantins. Au Moyen Âge, outre les galères marchandes dont le principe remonte à l’Antiquité, la nave devient le principal navire marchand dont le tonnage ne cesse de grandir pour atteindre puis dépasser les 500 tonneaux. La voile car- rée fait son retour et, au xiii e siècle, le gouvernail d’étambot, situé dans l’axe du navire, remplace définitivement le « timon latin » latéral. Les gréements se développent avec la superposition des voiles carrées, et les combinaisons de voiles carrées et de voiles latines qui préfigurent l’abandon de ces dernières sur les grands navires. La fin du Moyen Âge et la Renaissance voient ainsi se déve- lopper la caraque puis le galion, dont les tonnages peuvent dépasser les 1 000 à 1 500 tonneaux. Sur le plan militaire, la galère reste pendant longtemps le navire de combat méditerranéen par excellence dans les marines aussi bien chré- tiennes que musulmanes. Elles connaissent leur apogée à la bataille de Lépante (1571) où elles s’affrontent en masse avec au premier rang les lourdes et puissantes galéasses vénitiennes et les mahonnes ottomanes qui représentent leur ultime aboutissement. Mais la galère disparaît des flottes de combat à par- tir du xvii e siècle lorsqu’elle est remplacée par les vaisseaux de ligne portant une forte artillerie. Apparue au xvi e siècle, l’artillerie devient de plus en plus nom- breuse et puissante, et arme aussi bien les vaisseaux de ligne que les grands navires de commerce des xvii e et xviii e siècles. Mais les caractéristiques régionales de ces grands navires s’estompent, et ils deviennent de plus en plus universels au point de perdre leur identité méditerranéenne à partir de la révolution

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