Construction navale | Pomey, Patrice

Construction navale 284 Construction navale Le navire antique, issu des embarcations primitives (pirogues, radeaux, embarca- tions de peaux…) qui contribuèrent au peuplement des îles de la Méditerranée au cours de l’époque néolithique, apparaît déjà bien évolué au II e millénaire av. J.‑C. La diversité des types, où le bateau « rond » de commerce se distingue du navire « long » de guerre, témoigne de cette évolution et d’une certaine maîtrise de l’architecture navale. Dès cette époque, le navire comporte une structure tripartite élaborée avec quille, bordé et membrures qu’il conservera jusqu’à nos jours. Le principe de construction repose sur une conception « sur bordé » dans laquelle ce dernier est d’abord assemblé sur la quille avant la pose des membrures. Dans ce mode de construction, les formes de la carène sont élaborées à l’œil nu, sans plan préétabli, au fur et à mesure du montage du bordé. Celui-ci joue le rôle de structure portante alors que les membrures n’assument qu’un rôle de renfort. Pour cela, les planches du bordé sont solidement assemblées entre elles à franc-­ bord : soit au moyen de tenons chevillés dans des mortaises, selon l’assemblage dit à « tenons et mortaises », vraisemblablement originaire des côtes de Phénicie ; soit par des ligatures végétales, selon le principe des « bateaux cousus » en usage dans le monde grec. Néanmoins, au cours du vi e siècle av. J.‑C., l’assemblage par tenons et mortaises, plus solide, commence à supplanter l’assemblage par liga- tures au point de devenir la caractéristique essentielle de la construction navale méditerranéenne jusqu’à la fin de l’Antiquité. Ce dernier système de construction a permis de construire des navires de grande taille aux formes très élaborées. L’évolution de la galère antique à éperon donnera ainsi naissance à la trière à trois rangs de rames superposés, puis aux grandes unités de rang supérieur de l’époque hellénistique : quadrirème, quin- quérème, puis navires de « six », « douze »… et même « quarante ». La bataille d’Actium (31 av. J.‑C.) mettra fin à cette course à l’armement et la Méditerranée, devenue Mare Nostrum sous l’Empire romain, connaîtra une période de paix, sans équivalent par la suite, particulièrement favorable au développement de la navigation.

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