Conflit | Sintès, Pierre; Cattaruzza, Amaël

Conflit 272 Conflit La notion de conflit peut être définie comme une situation relationnelle struc- turée autour d’un antagonisme (Picard et Edmont, 2008). Cet antagonisme est dû à la présence de forces opposées (rapport de force), à un désaccord (valeurs ou opinions divergentes), à une rivalité (concurrence vis-à-vis d’un but commun) ou à une inimitié (affects). Il ne faut pas confondre le terme « conflit » avec le terme « guerre ». En effet, si toutes les guerres sont des conflits, l’usage du mot « conflit » est bien plus large (Rosière, 2008). Il implique un éventail très étendu, allant du conflit international armé jusqu’au conflit social, au conflit inter­ relationnel (entre deux individus), voire au conflit intérieur (cas de conscience). Sa définition dépend donc de nombreux paramètres et il n’est pas toujours facile d’évoquer cette notion sans les préciser : conflit latent ou déclaré, symbolique ou réel, armé ou non violent. Quelle que soit la définition que l’on en retient, les développements des sociétés contemporaines laissent percevoir une trans- formation dans les modalités des conflits, puisque ceux-ci sont de plus en plus le fait d’acteurs nombreux et qu’ils s’inscrivent dans des échelles désormais très variées, alors même que les dimensions des aires concernées tendent souvent à se réduire (Cattaruzza et Sintès, 2011). L’aire méditerranéenne n’échappe pas à ces tendances générales. Conflits armés Zone de tempêtes ou ligne de fractures, les images ne manquent pas pour décrire la Méditerranée comme un espace de conflits, où les disputes des hommes prennent le pas sur le vivre-ensemble, où la violence prime la concorde. L’histoire donne en effet de nombreux exemples de guerres concernant cet espace : dis- putes pour le contrôle de la terre ou de la mer, violences perpétrées sous le mobile de l’antagonisme culturel ou religieux, ou encore violences d’oppression ou de libération. Pourtant, une telle présentation, si commune soit-elle, doit être