Cinéma | Gaertner, Julien

Cinéma 241 Cinéma Il a fallu peu de temps à l’invention des frères Lumière pour faire le tour du bassin méditerranéen à la suite de leur première expérimentation cinématogra- phique au mois de mars 1895. En moins de deux années – grâce à ceux qu’on appelle alors les opérateurs Lumière –, s’organisent tournages et projections sur le pourtour de Mare Nostrum . Les inventeurs du cinématographe trouvent en Alexandre Promio et Félix Mesguich les deux hommes qui diffuseront leur trouvaille scientifique dans une aire géographique donnant lieu, au moment où le simple enregistrement du réel se transforme en une fabrique de rêves, à une polyphonie de styles qui l’impose comme l’un des hauts lieux de la cinématogra- phie mondiale. Né en Algérie, Félix Mesguich parcourt le monde et fait notam- ment sensation aux États-Unis et en Russie. Mais l’étape première de l’opérateur cinématographique est le bassin méditerranéen, dont il arpente les parties méri- dionales et orientales en 1896 et 1897. De Jérusalem à Fès en passant par la cosmopolite Alexandrie ou encore Alger et Oran, Félix Mesguich émerveille les notables locaux. Alexandre Promio, pour sa part, visite l’Espagne au mois de juin 1896 et tourne à Madrid et Barcelone. Quelques mois plus tôt, à Milan et Naples, le cinématographe subjugue sous l’impulsion des frères Lumière puis sous celle de Filoteo Alberini, pionnier italien ayant développé son propre bre- vet. À la fin de l’année 1896, c’est au tour de la Grèce de découvrir un cinéma- tographe qui se développe de manière disparate autour du bassin méditerranéen au début du xx e siècle. En effet, le joug colonial retarde l’émergence des cinémas de la rive sud, exception faite de l’Égypte. Au Maghreb, le cinéma colonial règne des décennies durant, genre dont il résulte une série de représentations stéréotypées à l’égard des autochtones. Au début des années 1960, dès lors que les pays nouvellement indépendants développent leur propre cinématographie, ces images seront ren- versées aussi bien par les cinéastes restés exercer au Maghreb que par ceux qui tentent l’aventure de l’immigration. Le septième art, en Méditerranée, se révèle donc marqué par l’histoire du xx e siècle : celle de la colonisation, mais aussi celle

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