Chrétiens | Kaoues, Fatiha

Chrétiens 227 Chrétiens Carrefour de cultures diverses, centre névralgique pour la circulation des hommes et des systèmes de pensée, la Méditerranée constitue avec l’Inde, la Chine et l’Iran, l’un des espaces les plus importants du monde antique et médiéval. À cet égard, il n’est pas incident qu’elle soit le lieu de naissance et de rayonnement des trois religions monothéistes. En 313, un édit de Constantin accorde la liberté de culte à toutes les religions, permettant aux chrétiens de ne plus vénérer l’em- pereur comme un dieu (édit de Milan) et ouvrant la voie à la large diffusion du christianisme dans tout l’Empire romain ; l’aire chrétienne se confond alors peu à peu avec l’espace méditerranéen, ou, pour reprendre les mots de Paul Valéry, les pays de l’olivier et de la vigne, avant de s’étendre en Orient, notamment dans l’Empire parthe, et sassanide, puis bien au-delà. La Méditerranée tout entière imprègne la Bible de ses senteurs et de ses panoramas ; sa faune et sa flore composent le cadre géologique de son récit, ses paysages servent de décor à sa mythologie et à ses légendes et y impriment leur marque caractéristique, leur insufflant un souffle et une force de suggestion singuliers. Ainsi, le christianisme est apparu en Palestine, la terre où coulent le lait et le miel (Exode, III, 8). Les plantes et arbres fruitiers méditerranéens véhi- culent une imagerie symbolique et métaphorique à forte charge emblématique. De fait, le figuier, l’olivier et la vigne ont une dimension prophétique, annon- çant la venue du Messie et symbolisant l’abondance et la fécondité, sources de bénédiction. Le cèdre du Liban est cité 103 fois dans la Bible et décrit comme le seul arbre que Dieu a lui-même planté. La vigne est citée plus de 200 fois tan- dis que le figuier y dispose de 42 mentions. L’olivier, évoqué 58 fois, est l’arbre par excellence de la Méditerranée dont le climat peu rigoureux, sec et lumi- neux offre les meilleures conditions de son développement. Lâchée par Noé après le déluge, la colombe revient portant un rameau d’olivier dans son bec (Genèse, LXXXVIII, 11). Pour sa part, Jacob consacre un lieu qu’il appelle Béthel (maison de Dieu) en enduisant sa pierre d’huile d’olive (Genèse, XXVIII, 16/22). Dans le Nouveau Testament, l’onction par l’huile a pour objet de guérir les

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